Quand la blockchain craque les cerveaux : enquête sur une fatigue générationnelle

Avertissement : l'information présente dans ce guide ne constitue pas un conseil en investissement. Faites toujours vos propres recherches avant d'investir, et ne mettez pas en jeu une somme d'argent que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre.
Pourquoi Nous Faire Confiance
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Un jour, ils ont juste arrêté de poster. Plus de threads, plus de « GM », plus de mèmes.

Certains ont supprimé leur compte. D’autres ont basculé vers l’IA, la bourse ou la méditation.

Ils étaient développeurs, influenceurs, maximalistes ou « degens » ; ils avaient parié leur temps, leur énergie – parfois leur vie – sur la révolution crypto. En 2025, beaucoup décrochent. Usés. Déçus. Fatigués.

Le grand silence

Sur X (ex-Twitter), les signes sont visibles pour qui sait regarder. Les timelines autrefois saturées de prédictions et de shitcoins sont devenues calmes.

Même certains influenceurs très suivis, qui affolaient les foules en 2021, ont baissé pavillon.

L’un s’est lancé dans les startups IA. Une autre s’est reconvertie dans l’immobilier. L’ancien évangéliste du metaverse vend aujourd’hui des formations… sur la « réinvention de soi ».

Ce n’est pas un exode spectaculaire. C’est un effacement discret, progressif, quasiment honteux. Comme si décrocher du web3, c’était trahir une religion.

Burn-out numérique

Car la crypto n’était pas un hobby. C’était un mode de vie. Une immersion constante dans un univers mouvant, où tout va trop vite.

Il fallait surveiller les prix, comprendre les tokensomics, lire les whitepapers, réagir au moindre FUD. Dormir ? Trop risqué. Déconnecter ? Impensable.

À force, l’épuisement s’installe. Pas seulement physique : émotionnel, mental. Beaucoup parlent de stress chronique, d’insomnies, de paranoïa.

« Entre les fluctuations du marché, le slippage, et la paranoïa constante de me faire pirater, je suis à deux doigts de tout abandonner et de quitter la crypto pour de bon. »
— r/defi, mai 2025

Des témoignages comme celui-là, il y en a des centaines. Mais ils restent souvent cachés. La culture crypto valorise la réussite, l’endurance, le « bullish forever« . Admettre qu’on décroche, c’est reconnaître une forme d’échec.

Fin d’un rêve ?

Entre 2021 et 2025, la crypto a connu plusieurs cycles de promesses brisées. Le metaverse devait tout changer – il a disparu dans l’indifférence. Les play-to-earn devaient créer des économies – ils ont surtout enrichi quelques insiders. Les DAOs devaient réinventer la gouvernance – la plupart n’ont jamais vraiment fonctionné.

À chaque fois, l’espoir était immense. À chaque fois, la chute fut brutale.

Et entre deux bull runs, ce fut la traversée du désert : hacks, régulations, chute des TVL, drames internes, procès à la chaîne. De quoi user les plus fervents.

« J’en ai marre de ce que la crypto fait à ma santé mentale… Ces mouvements complètement fous ont totalement bousillé ma relation à l’argent. »
— r/CryptoCurrency, avril 2025

Exit discret, retour au réel

Certains sont partis en faisant du bruit. Mais beaucoup sont juste… partis. Des développeurs ont rejoint le secteur IA, plus stable, mieux financé. D’anciens traders crypto se forment à la finance classique.

Quelques « baleines anonymes » ont liquidé leur portfolio pour ne plus jamais revenir.

Ce n’est pas une fuite massive, mais un lent reflux. Un mouvement souterrain. Une « décentralisation du désenchantement ».

Et dans ce contexte, les nouveaux venus sont rares. Le grand public ne suit plus. Le web3 n’est plus à la mode. Même les journalistes spécialisés se recyclent. La crypto semble avoir perdu son aura, sa flamme.

Tout n’est pas mort

Mais attention à ne pas confondre silence et fin. Car derrière cette crypto-fatigue, une autre dynamique émerge. Plus calme, plus mature.

Les projets solides, construits sur des bases techniques sérieuses, continuent d’avancer : LayerZero, EigenLayer, Starknet… Les développeurs qui restent sont moins nombreux, mais plus concentrés. Les narratifs grandiloquents ont laissé place à des usages concrets : infrastructure, paiements, rollups, sécurité.

Bitcoin et Ethereum tiennent bon, comme repères stables dans la tempête. Le code s’améliore. La spéculation recule, mais l’expérimentation continue.

L’exemple du moment : Mind of Pepe

Ces jours-ci, un projet fait particulièrement parler de lui, Mind of Pepe. Il reprend l’image culte de Pepe the Frog, un mème bien ancré dans l’histoire d’internet.

En effet, le but, c’est de construire un vrai espace autour du token. Il y aura une mise en place de concours créatifs, rencontres, art numérique.…

L’équipe veut en faire un lieu vivant, un endroit où la communauté peut vraiment créer, pas juste trader.

Une fatigue saine ?

Alors, la crypto est-elle à bout de souffle ? Ou simplement en train de mûrir ?

Certainement les deux. Comme toute révolution, elle a connu ses excès. Elle a brûlé ses croyants les plus fervents. Mais dans les cendres du rêve initial, une réalité plus sobre, plus pragmatique se dessine.

La crypto-fatigue n’est pas la fin du web3. C’est sûrement juste une pause salutaire. Un moment pour souffler, réfléchir, reconstruire.

Et qui sait… probablement qu’un jour, les pionniers fatigués reviendront. Pas pour s’enrichir. Mais pour finir ce qu’ils avaient commencé.

Par Marc Rodrigue

Arpentant le web depuis la fin des années 90 Marc Rodrigue a su développer une curiosité pour les nouvelles technologies le rendant passionné notamment de ces nouvelles monnaies numériques. Son but est simple : permettre à tout le monde de s'informer et d'apprendre davantage sur l'univers des crypto-monnaies.