Alors qu’Ethereum fête ses dix ans, la Fondation Ethereum se projette déjà dans l’avenir. Le chercheur Justin Drake propose « Lean Ethereum », une refonte complète de l’architecture du réseau. L’objectif : garantir la pérennité du protocole face aux menaces émergentes, notamment celles liées à l’informatique quantique.
Une vision post-quantique pour Ethereum
Justin Drake insiste sur la nécessité de préparer Ethereum aux menaces des ordinateurs quantiques. Ces machines, encore en phase de développement, pourraient un jour casser les mécanismes de cryptographie classiques. Si cela devenait une réalité, les blockchains actuelles pourraient se retrouver vulnérables.
Pour anticiper cette situation, Lean Ethereum introduit l’usage de preuves à divulgation nulle de connaissance (zero-knowledge proofs). Ces technologies permettent de valider des transactions sans révéler d’informations sensibles. Selon Drake, leur adoption ouvre la voie à des systèmes basés sur des primitives cryptographiques post-quantiques. Cela ne garantit pas encore une résistance absolue, mais cela oriente Ethereum vers des architectures plus robustes.
Tous les types de preuves ZK ne se valent pas. Les SNARKs, par exemple, restent exposés aux menaces quantiques. D’autres formats, comme les STARKs ou certaines méthodes basées sur des fonctions de hachage, sont considérés comme plus sûrs à long terme.
Yesterday Ethereum turned 10. Today, lean Ethereum is unveiled as a vision—and personal mission—for the next 10 years.
We stand at the dawn of a new era. Millions of TPS. Quantum adversaries. How does Ethereum marry extreme performance with uncompromising security and…
— Justin Drake (@drakefjustin) July 31, 2025
Vers une simplification du réseau
Au-delà de la sécurité, Justin Drake met en avant un second pilier fondamental : la simplification. Ethereum, souvent critiqué pour sa complexité technique, doit devenir plus accessible. Pour y parvenir, Lean Ethereum propose de repenser les trois couches clés du réseau : consensus, données et exécution.
La couche de consensus évoluerait vers une « Beacon Chain 2.0 », capable d’assurer finalité et sécurité en quelques secondes. Côté données, l’introduction des « blobs 2.0 » vise une gestion plus souple des volumes, avec des formats compatibles post-quantiques. Enfin, l’exécution reposerait sur une EVM 2.0, plus performante et compatible avec les ZK-proofs.
Drake suggère également d’intégrer l’architecture RISC-V, connue pour sa simplicité et sa sécurité. Ce cadre informatique permettrait de réduire les points de défaillance, tout en facilitant le développement et la vérification des nœuds.
Un projet partagé par la communauté
La communauté Ethereum semble largement réceptive à cette approche. Vitalik Buterin lui-même plaide pour une simplification de la pile technologique. En mai dernier, il évoquait déjà la nécessité de rendre le réseau aussi simple que possible, à l’image de Bitcoin. Il pointait du doigt les coûts croissants, les risques accrus, et une forme d’isolement de la recherche.
Des chercheurs comme XinXin Fan appuient cette direction. Ils défendent l’intégration de preuves basées sur des fonctions de hachage comme solution contre les menaces quantiques. Pour eux, l’enjeu est de renforcer la sécurité sans nuire à l’expérience utilisateur.
Un serment générationnel
Au-delà de la technique, Justin Drake voit dans Lean Ethereum une philosophie. Il décrit le projet comme « une forme d’art », une réponse à long terme aux défis futurs. Selon lui, Ethereum est destiné à devenir le socle de l’Internet de la valeur pour les siècles à venir. Il doit donc être conçu pour résister à tout y compris aux États-nations et aux évolutions technologiques extrêmes.
En combinant innovations cryptographiques et simplification radicale, Lean Ethereum s’affirme comme une réponse crédible aux défis posés par l’ère quantique. Ce plan ambitieux pourrait bien définir la trajectoire du réseau pour la décennie à venir.