On pensait l’informatique quantique réservée aux labos, aux univers parallèles de la science-fiction. Pourtant, en 2025, la machine se met en marche, et Bitcoin commence à sentir le vent tourner.
Derrière les promesses de la blockchain, un constat : SHA-256 et ECDSA, les gardiens actuels de la sécurité, ne tiendront pas éternellement face aux qubits. Le compte à rebours est lancé.
Les progrès fulgurants de la quantique
Il y a peu, la Chine a dévoilé son Zuchongzhi-3, un ordinateur quantique dépassant symboliquement les 100 qubits logiques. Pas mal pour un gadget, direz-vous ?
Pas vraiment, surtout quand Microsoft montre une puce baptisée « Majorana 1 » qui mise sur des qubits topologiques, plus stables. Ce n’est pas encore l’apocalypse, mais la menace se rapproche doucement.
Pourquoi Bitcoin est dans le viseur ?
Bitcoin s’appuie sur des algorithmes solides : SHA-256 pour le hachage, ECDSA pour les signatures. Avec un ordinateur classique, ces systèmes sont presque indestructibles.
Mais un ordinateur quantique puissant peut, grâce à l’algorithme de Shor, casser ces protections rapidement.
Concrètement, cela signifie qu’un pirate avec une machine quantique pourrait un jour voler les bitcoins des portefeuilles encore vulnérables.
BlackRock Flags Risk, But Quantum Threats Are No Match for Bitcoin
Last month, BlackRock quietly updated its Bitcoin ETF filing to include a new disclosure identifying quantum computing as a potential threat to Bitcoin’s security. The world’s largest asset manager now explicitly… pic.twitter.com/xVztQydqoG
— Strive (@StriveFunds) June 6, 2025
La stratégie “Harvest now, decrypt later”
Loin d’être un scénario sorti d’un film, certains acteurs malveillants collectent déjà aujourd’hui des données chiffrées. Pourquoi ? Pour les déchiffrer dans quelques années, une fois que la puissance quantique sera suffisante.
Ce n’est pas de la paranoïa : la blockchain affiche des clés publiques visibles par tous. Elles sont une cible potentielle.
Bitcoin et Ethereum, pas encore prêts
Le plus inquiétant, c’est que Bitcoin n’a pas prévu de mécanisme pour migrer vers des protections post-quantiques.
Ethereum est un peu plus flexible, mais pas de solution miracle non plus. Seul le Quantum Resistant Ledger (QRL) se distingue, mais il reste marginal.
Le NIST a validé plusieurs algorithmes post-quantiques, comme CRYSTALS-Dilithium ou Falcon en 2024 et plus récemment cette année HQC. Mais les déployer à grande échelle dans des systèmes décentralisés, c’est un autre défi.
Qui est le plus exposé ?
Les portefeuilles vieux de plusieurs années sont les plus vulnérables. Le plus célèbre d’entre eux ? Celui attribué à Satoshi Nakamoto, avec plus d’un million de bitcoins, qui repose sur une clé publique ancienne.
Ce n’est pas un cas isolé : des milliers d’autres portefeuilles et smart contracts sont en jeu.
Des solutions existent, mais ça coince
Il est possible d’intégrer des algorithmes hybrides ou de migrer progressivement vers des signatures post-quantiques. Les fabricants de wallets comme Ledger et Trezor commencent à explorer ces pistes.
Mais à l’échelle d’un réseau comme Bitcoin, il faut un consensus global, des mises à jour coordonnées… pas simple dans un univers décentralisé.
Introducing the Majorana 1, the world’s first quantum processor powered by topological qubits. This breakthrough marks a significant step toward practical quantum computing. Learn more.
— Microsoft (@Microsoft) February 19, 2025
Le temps presse
La menace n’est pas immédiate, mais elle s’approche vite. Ceux qui attendront les premières attaques seront déjà trop tard. Le passage au post-quantique est inévitable, il faut juste espérer que la communauté sera prête.
En bref :
- L’informatique quantique progresse rapidement.
- Les algorithmes actuels de Bitcoin sont menacés.
- Des millions de portefeuilles sont vulnérables dès aujourd’hui.
- La transition vers le post-quantique est urgente, mais reste à faire.