Le procès Tornado Cash entre dans sa dernière phase. Au cours des trois prochains jours, le District sud de New York entendra la défense de Roman Storm, cofondateur du protocole Tornado Cash.
Le développeur est poursuivi pour avoir mis au point un protocole capable d’anonymiser les transactions sur la blockchain. L’issue du procès pourrait déterminer le sort des développeurs blockchain et de l’innovation crypto aux États-Unis.
Tornado Cash : petit rappel des faits
En 2019, Roman Storm crée le protocole Tornado Cash avec Roman Semenov et Alexey Pertsev. Les développeurs cherchaient à mettre au point un moyen de rendre anonymes les transactions sur la blockchain. Très vite, les crypto-enthousiastes adoptent le protocole.
Le fonctionnement du protocole était tout simple. Les utilisateurs pouvaient transférer leurs actifs crypto vers une réserve commune et recevaient un code unique au moment du dépôt. Ce code permettait ensuite de retirer un montant équivalent.
En créant des identifiants de transactions différents et sans relation l’un avec l’autre, Tornado Cash permettait de flouter les pistes. Le protocole open source fonctionnait comme un mixeur numérique qui garantissait l’anonymat des utilisateurs.
Aussi bien les développeurs, les entrepreneurs que les acteurs malicieux l’adoptent pour garantir la confidentialité de leurs fonds. Ceci attire toutefois l’attention des autorités américaines. En particulier lorsque les fonds volés par Lazarus Group lors du piratage d’Harmony Horizon Bridge ont été blanchis grâce à Tornado Cash.
“US. v. Storm” : Roman Storm, inculpé par la justice américaine
Dès 2022, l’Office des affaires étrangères du Trésor américain sanctionne le protocole. Toutefois, la justice ordonner la levée des sanctions en mars 2025. Le jugement précise qu’un contrat intelligent ne peut être considéré comme un actif ou une propriété.
Ainsi, les autorités peuvent émettre des sanctions vis-à-vis des personnes qui l’utilisent à des fins malicieuses, mais pas à l’encontre du protocole open source Tornado Cash en lui-même. Malgré cette déclaration, le ministère de la Justice poursuit actuellement Roman Storm pour complot et blanchiment d’argent.
😔💔 I’m Roman Storm. I poured my soul into Tornado Cash—software that’s non-custodial, trustless, permissionless, immutable, unstoppable. In 31 days, I face trial. The DOJ wants to bury DeFi, saying I should’ve controlled it, added KYC, never built it. SDNY is trying to crush…
— Roman Storm 🇺🇸 🌪️ (@rstormsf) June 13, 2025
Pour le procureur, Roman Storm est complice des entreprises criminelles parce qu’il a créé Tornado Cash . Pour la défense, c’était un protocole open source indépendant protégé par le premier amendement de la constitution américaine.
Afin d’inculper Roman Storm, le procureur doit démontrer qu’il avait le contrôle de la plateforme et profitait pécuniairement des services proposés. Cependant, les experts invités par le ministère n’ont pas été en mesure de démontrer avec certitude que la plateforme aurait pu opérer autrement. Ni même que certains fonds volés y ont effectivement été blanchis.
Yesterday was so packed in US v. Storm we pubbed late. Here's a quick rundown, full story below. 🧵
(ps @httpsageyd is covering the trial for us today, give him a follow!)
TLDR: The gov is using questionable tracing to save itself striking a witness – or a mistrial. https://t.co/DpQcnCgfgX
— David Z. Morris (@davidzmorris) July 24, 2025
Le jeudi 24 juillet, le ministère de la Justice américain a terminé son plaidoyer après avoir présenté ses divers témoins et ses arguments. C’est désormais au tour de la défense de Roman Storm de plaider en faveur de son client aujourd’hui et pour deux jours encore.
La défense contre-attaque
Parmi les témoins de la défense, on retrouve Preston Van Loon, un développeur Ethereum qui a déjà eu recours à Tornado Cash afin de protéger la confidentialité de ses transactions. Rappelons que Van Loon qui avait intenté le procès qui avait conduit à la levée des sanctions contre Tornado Cash en mars 2025.
La défense insistera certainement sur le fait que le protocole Tornado Cash était entièrement décentralisé. Le fait que les développeurs continuaient de payer pour l’hébergement et pouvaient modifier l’interface publique ne constituent pas des preuves d’un quelconque contrôle continu sur le protocole.
Dans le contexte actuel, l’attitude favorable du gouvernement pourrait être un atout pour la défense. En effet, une directive en date du 7 avril instruit les procureurs de s’abstenir d’intention des poursuites pour infractions réglementaires dans des procès relatifs aux actifs numériques. Tout particulièrement, en ce qui concerne les activités de transfert de fonds non agréées.
To celebrate @ethereum's 10 year anniversary, we are bearing the torch in honour of Roman and Alexey who represent the importance of privacy and developer freedom. pic.twitter.com/MKfhNBni9d
— Free Pertsev & Storm (@FreeAlexeyRoman) July 23, 2025
Tornado Cash : la DeFi à la barre des accusés
Le procès Tornado Cash est un moment charnière dans le développement de l’écosystème DeFi. L’interprétation des dispositions relatives aux activités de transfert de fonds non agréées pose problème. Elle risquerait de réécrire les lois sur les actifs numériques.
Dans une lettre ouverte au Sénat américain, plus de 30 entreprises crypto appellent à intervenir dans le procès. Elles plaident en faveur de Roman Storm et de la liberté d’expression (et de coder) de tous les développeurs blockchain. La lettre souligne qu’une condamnation reviendrait à handicaper l’innovation crypto aux États-Unis.
Le procès est encore en cours et au cours des prochains jours. On devrait en apprendre plus sur le déroulement d’un procès historique pour l’indépendance de la DeFi et l’innovation crypto.
Sources : therage.co, cointelegraph.com, freeromanstorm.com