La Securities and Exchange Commission (SEC) vient de dévoiler une initiative d’envergure baptisée « Project Crypto ». Ce projet vise à moderniser la structure des marchés financiers américains en s’appuyant sur la technologie blockchain. Dans une déclaration officielle, la SEC explique vouloir explorer comment les systèmes décentralisés peuvent améliorer la transparence, la sécurité et l’efficacité des échanges.
Un tournant réglementaire majeur
La SEC semble changer de cap. Alors qu’elle adoptait jusqu’ici une position prudente, voire hostile, envers de nombreuses initiatives crypto, elle choisit désormais de s’impliquer activement dans l’innovation blockchain. Avec « Project Crypto », elle ambitionne d’intégrer certains processus financiers clés sur des registres distribués, notamment la compensation, la tenue de registre et le règlement des titres.
Ce virage stratégique marque une tentative de repositionner les États-Unis comme leader de l’innovation financière. La Commission souhaite ainsi encadrer les acteurs du Web3 sans freiner leur développement. L’idée est d’élaborer des normes claires, tout en assurant la compatibilité avec les infrastructures existantes.
Pour les États-Unis, l’ambition claire est de devenir leader sur ce secteur des cryptomonnaies. Et ceci est clairement stipulé dans la publication officielle de la SEC.
Des implications pour les cryptomonnaies
Même si le projet ne vise pas directement Bitcoin ou Ethereum, les implications sont réelles. En introduisant des mécanismes inspirés des cryptos dans la finance traditionnelle, la SEC ouvre une brèche favorable aux projets Web3 sérieux. Elle reconnaît aussi l’intérêt de la technologie blockchain pour fluidifier les échanges.
Par ailleurs, certains responsables de la SEC évoquent la possibilité d’utiliser des blockchains publiques dans des cadres strictement régulés. Cela pourrait permettre à des stablecoins ou à des tokens d’actifs de jouer un rôle plus important dans les opérations financières courantes. Cette reconnaissance officielle serait un tournant majeur dans l’adoption institutionnelle des cryptoactifs.
Voici les citations clés de Paul Atkins, président de la SEC :
« Malgré ce que la SEC a pu affirmer par le passé, la majorité des actifs crypto ne sont pas des valeurs mobilières. »
« Les jours du cirque sur la décentralisation, la confusion autour du statut de security, sont terminés. »
« Concernant les ICO (Initial Coin Offering) ou les airdrops, nous allons proposer des dispositions spécifiques, des exemptions et des safe harbors adaptés à ces cas. »
« Nous allons créer des « super-apps » permettant aux intermédiaires financiers de proposer plusieurs services (trading, staking, prêts crypto, etc.) sous une seule licence, sans devoir naviguer entre cinquante licences différentes. »
« Nous envisageons une exemption d’innovation pour les projets en phase pré-décentralisée. Cela leur permettra de se lancer sans être freinés par des règles inadaptées. »
Une réaction contrastée du secteur
Les annonces de la SEC ont rapidement fait réagir les grands noms de l’écosystème. L’investisseur Tim Draper a salué l’initiative, qu’il considère comme un pas vers une économie entièrement tournée vers Bitcoin. D’autres observateurs restent plus prudents. Ils rappellent que la mise en œuvre d’un tel projet prendra du temps, et qu’il faudra éviter que la réglementation ne freine l’innovation.
Du côté des bourses crypto et des institutions financières, l’intérêt est palpable. Plusieurs plateformes voient dans ce projet l’opportunité de collaborer plus étroitement avec les autorités, à condition que les règles du jeu soient claires et équilibrées. Si la SEC réussit son pari, les États-Unis pourraient reprendre l’avantage face à des régions plus avancées comme l’Europe avec MiCA ou Hong Kong avec sa stratégie pro-crypto.
Une étape décisive pour la finance tokenisée
Le « Project Crypto » intervient dans un contexte où la tokenisation des actifs prend de l’ampleur. Des banques comme JPMorgan ou Goldman Sachs explorent déjà les avantages des titres tokenisés. La SEC veut désormais encadrer cette dynamique, en facilitant les expérimentations tout en posant un cadre rigoureux.
Ce projet pourrait aussi accélérer l’adoption d’instruments financiers innovants comme les ETP crypto ou les obligations tokenisées. À terme, la frontière entre actifs traditionnels et cryptomonnaies pourrait devenir floue. La blockchain ne serait plus réservée aux projets alternatifs, mais constituerait l’infrastructure de base des marchés.