Il y a une synergie particulièrement forte entre les plateformes de services illicites et Telegram. En effet, la capacité de créer des canaux, de coder des bots et de structurer les canaux de manière sophistiquée est un atout pour les cybercriminels.
Après un rapport de la firme d’analyse blockchain Elliptic, Telegram avait procédé au bannissement de deux plateformes majeures en mai dernier. Mais depuis, Huione Guarantee et Xinbi Guarantee ont repris du poil de la bête.
Les services de garantie pour les cybercriminels
Les plateformes comme Huione et Xinbi proposent un large éventail de services qui intéressent les cybercriminels. Il s’agit de marketplaces sur lesquelles presque tout peut être vendu. On y propose des cartes SIM, des services de blanchiment d’argent, et plus encore.
Plus spécifiquement, Xinbi propose des services d’entiercement illicites et facilite le blanchiment de fonds issus de hacks et d’arnaques cryptos. Ces deux plateformes sont principalement basées en Asie. Notamment en Cambodge, aux Philippines, au Laos, en Thaïlande et en Birmanie.
Huione Group has moved >$5B USDT on Tron since May 1, 2025! 🚨
Funds flow via Exchanges, OTC, Smart Contracts, Gambling, even High-Risk Exchanges. What do you think about these complex transaction patterns? pic.twitter.com/dkayEKNcHJ
— Rock DAO (@the_RockDAO) July 8, 2025
Leur fonctionnement est le suivant. Les vendeurs doivent d’abord verser une garantie sous forme de crypto avant de proposer leurs services. Dès lors, ces fonds sont détenus par la plateforme et sont un gage de la crédibilité et du sérieux du vendeur. La nature du service détermine le montant de la garantie à verser.
Les analystes estiment que ces plateformes traitent annuellement l’équivalent de 35 milliards $ en transactions illicites de stablecoins.
En mai dernier, après des enquêtes de firmes de cybersécurité et sous la pression des autorités américaines, Telegram avait banni ces markeplaces de sa plateforme. L’application de messagerie avait suspendu des centaines de comptes et fermé de nombreux canaux.
🔍 What happens after a sanction? And why it matters
When FinCEN designated HuiOne Group as a Primary Money Laundering Concern on May 1, activity didn’t stop. It shifted 👇#Crypto #HuiOne #Sanctions #CryptoMarket pic.twitter.com/TX4H6UNKEQ
— Global Ledger Alerts (@GlobalLedger) July 10, 2025
Des plateformes virtuellement impossibles à bannir
Après le bannissement par Telegram, Xinbi Guarantee avait perdu 90 % de son trafic, mais la plateforme a très vite rebondi et traite à nouveau des volumes de transactions similaires à la période d’avant le bannissement.
De même, la suspension de Huione par Telegram, a simplement poussé la clientèle de la plateforme vers un site affilié du nom de Tudou Guarantee. Encore une fois, le volume des transactions avoisine les pics de Huione d’avant le bannissement. Une preuve de plus, que les bannissements reconfigurent le marché, sans l’handicaper réellement.
Notons que ces plateformes sont de retour sur Telegram avec les mêmes noms ou avec d’autres identifiants. C’est une opération sophistiquée qui permet à ces services illicites de refaire surface comme des champignons, même après les sanctions de la plateforme.
Les autorités américaines sortent le grand jeu
D’après les autorités américaines, Huione Group aurait blanchi plus de 4 milliards entre août 2021 et janvier 2025. La plateforme a été désignée comme une menace majeure en matière de blanchiment d’argent et des wallets affiliés ont également été condamnés.
La stratégie des autorités consiste à limiter la capacité de la plateforme à transférer de l’argent. En somme, il est question d’en faire un paria digital du Web3. Pour ce faire, tout service qui opère de près ou de loin avec Huione Group pourrait être soumis à des sanctions.
Reste à savoir si la stratégie portera ses fruits. Après le bannissement de Telegram ces plateformes ont rebondi en un temps record. Et surtout, Huione Group a émis son propre stablecoin USDH qui lui permet de contourner les restrictions imposées par les autres stablecoins plus ou moins réglementés.
Sources : trmlabs.com