L’Indonésie s’apprête à appliquer une hausse marquée des taxes sur les cryptomonnaies, avec de nouvelles mesures fiscales qui entreront en vigueur dès août 2025. Ce durcissement concerne aussi bien les plateformes étrangères que les utilisateurs et mineurs locaux. Le pays, qui affiche une volonté croissante d’encadrer les actifs numériques, suit ainsi la tendance mondiale d’une régulation plus stricte du secteur crypto.
Des hausses ciblées sur les transactions
La principale modification concerne la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) appliquée aux plateformes de trading crypto non enregistrées localement. Celle-ci passera de 0,11 % à 0,22 %, soit une hausse de 100 %. L’objectif est clair : rééquilibrer la concurrence entre les entreprises locales et les géants étrangers qui opèrent sans se conformer aux règles nationales.
Par ailleurs, une autre taxe frappe désormais les plateformes offshore : la taxe sur les services numériques passera de 0,10 % à 0,44 % pour les prestataires non enregistrés. Cela représente une multiplication par quatre du taux actuel, confirmant la volonté des autorités de favoriser les acteurs inscrits auprès du régulateur national (Bappebti).
Ces nouvelles taxes s’appliqueront sur chaque transaction effectuée par des utilisateurs indonésiens sur des plateformes étrangères, qu’il s’agisse d’achat, de vente ou de swap de crypto-actifs.
Les mineurs également dans le viseur
L’administration fiscale n’épargne pas le secteur du minage de cryptomonnaies. À partir d’août, toute activité de minage, individuelle ou professionnelle, sera considérée comme générant un revenu imposable. Les revenus issus de la vente de jetons minés seront soumis à la taxe sur le revenu des personnes physiques, avec un taux applicable variable selon le seuil de gains réalisés.
Cette décision pourrait freiner l’expansion du minage dans le pays, même si certaines zones bénéficient encore d’un accès à une électricité peu coûteuse. Les autorités souhaitent néanmoins mieux encadrer cette activité souvent peu réglementée.
Une stratégie nationale plus large
Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie de régulation globale du marché crypto en Indonésie. En 2023, le pays a lancé sa propre bourse nationale de cryptomonnaies, visant à offrir un cadre sécurisé pour les transactions et protéger les consommateurs.
En imposant des règles plus strictes, Jakarta cherche à encourager l’innovation locale tout en luttant contre la fraude et les opérations non traçables. Le gouvernement considère que la régulation permet de mieux intégrer les cryptos dans l’économie, sans mettre en danger la stabilité financière.
Un signal fort à l’international
L’Indonésie n’est pas seule dans cette dynamique. À travers le monde, les gouvernements se penchent sur la fiscalité des cryptos. L’Union européenne prépare l’entrée en vigueur du règlement MiCA. Aux États-Unis, la SEC avance dans le cadre du “Project Crypto”, qui vise à intégrer les actifs numériques dans l’écosystème financier réglementé.
Ces évolutions reflètent une prise de conscience : la crypto n’est plus un phénomène marginal. Elle touche désormais les transferts d’argent, les investissements, et les paiements du quotidien. Pour les États, il devient crucial de la taxer et de la contrôler, sans pour autant la bloquer.
Un impact direct pour les utilisateurs
Les utilisateurs indonésiens devront s’adapter rapidement. Ces nouvelles taxes auront un impact sur le coût des transactions, notamment pour ceux qui utilisent des plateformes étrangères. Le trading actif, les arbitrages fréquents ou les activités de farming pourraient devenir moins rentables.
Néanmoins, une fiscalité claire pourrait également favoriser une adoption plus large à long terme. Les investisseurs institutionnels, souvent en attente de cadres bien définis, pourraient être rassurés par cette nouvelle stabilité réglementaire.
L’Indonésie trace ainsi une voie médiane entre contrôle et ouverture. Reste à voir si cette stratégie permettra au pays de rester compétitif dans un secteur aussi globalisé que celui des actifs numériques.