Alors que le marché crypto accuse le coup, porté par un bitcoin en repli vers les 117 000 dollars, Ethereum suit un tout autre chemin. Plus résilient, plus stable, parfois même en avance sur le reste du marché, l’actif flirte de nouveau avec les 4000 dollars. Et pour certains analystes, le seuil symbolique des 5 000 dollars n’a jamais semblé aussi proche.
Une résistance qui interroge
Depuis mardi, Ethereum a rebondi de près de 3 %, s’invitant à nouveau à proximité d’une zone qu’il teste pour la quatrième fois depuis mars : celle des 4 000 dollars. Ce niveau, à la fois technique et psychologique, s’impose comme un plafond têtu. Mais la persistance du jeton à s’en approcher, dans un contexte de repli généralisé, intrigue.
Car pendant que Bitcoin cale, Ethereum affiche un comportement en décalage. Et ce n’est pas simplement un effet de volatilité. Plusieurs facteurs structurels alimentent cette dynamique.
Première source d’élan : les ETF Ethereum au comptant, récemment validés aux États-Unis, continuent de drainer des flux importants. En moins d’un mois, ils ont attiré plus de 5,5 milliards de dollars : un signal fort venu du monde institutionnel.
Autre catalyseur potentiel : l’idée d’autoriser le staking au sein même de ces ETF. Si la SEC franchit ce pas, les produits deviendraient non seulement exposés au prix de l’actif, mais aussi générateurs de rendement. Un argument supplémentaire pour des gestionnaires d’actifs à la recherche de véhicules réglementés et rentables.
Le tout se joue dans un environnement monétaire qui, sans être franchement accommodant, reste relativement stable. Avec une Fed qui temporise et des marchés tech en pleine forme (IA en tête), les actifs risqués retrouvent une forme d’élan.
Une demande « trésorerie » qui change la donne
Mais c’est peut-être du côté des entreprises que l’on observe le signal le plus étonnant. Selon Standard Chartered, des structures de type « Ethereum treasury companies », autrement dit, des entités qui intègrent de l’ETH dans leur bilan, auraient accumulé plus de 1 % de l’offre totale en circulation en à peine deux mois. Soit près de 9 milliards de dollars.
Ce mouvement n’est pas inédit, mais son ampleur, elle, l’est. Certains analystes estiment que ces entités pourraient finir par détenir jusqu’à 10 % de l’offre totale à terme. Une concentration qui limite mécaniquement l’offre disponible, et renforce l’idée d’un actif désormais perçu comme stratégique, voire de réserve.
Pas seulement un pari spéculatif, donc. Mais un actif que l’on garde, que l’on structure, que l’on stabilise.
Le contexte réglementaire, lui aussi, semble évoluer. Sous l’administration Trump, la SEC donne des signaux plus ouverts, notamment sur le staking, longtemps considéré comme un terrain glissant assimilable à une émission de titres.
Le virage est encore discret, mais il pourrait être décisif. Si le staking est intégré officiellement dans les ETF, la nature même de ces produits changerait. On ne parlerait plus seulement d’exposition au prix de l’ETH, mais d’un actif à rendement régulé. Un Graal, en quelque sorte, pour les investisseurs institutionnels.
Et dans la foulée, les flux pourraient s’accélérer d’autant que l’intérêt des fonds traditionnels pour les actifs numériques ne faiblit pas.
Vers une cassure haussière ?
À court terme, le marché reste partagé. Daniel Liu, CEO de Republic Technologies, rappelle que les 4 000 dollars restent une résistance solide, où l’offre vendeuse reste active. Un soutien, lui, semble se dessiner autour de 3 500 dollars, laissant présager d’une possible phase de consolidation.
Mais sous cette surface calme, certains détectent une tension haussière latente. Un « short squeeze » n’est pas à exclure, surtout si un alignement de facteurs favorables se matérialise : maintien des taux directeurs, climat macro porteur, et poursuite du rally tech aux États-Unis.
Dans ce cas, Ethereum pourrait non seulement franchir les 5 000 dollars, mais viser des zones plus ambitieuses encore les 6 000 dollars, évoqués ici et là par plusieurs traders d’options, avant la fin de l’année.