Alors que le bitcoin connaît une nouvelle flambée spectaculaire, un acteur attire l’attention des analystes : le Bhoutan. Ce petit royaume himalayen a vendu en quatre jours l’équivalent de 60 millions de dollars en BTC. Une décision qui, loin d’être impulsive, pourrait illustrer une stratégie économique fine, voire exemplaire. Faut-il y voir un signe de panique ou une leçon de gestion d’actifs numériques par un État discret mais redoutablement agile ?
Un mouvement rapide, mais maîtrisé
Du 10 au 14 juillet 2025, les portefeuilles gouvernementaux bhoutanais ont transféré 512,84 BTC vers Binance, selon les données d’Arkham Intelligence. Ce timing coïncide parfaitement avec une hausse de plus de 12 % du prix du bitcoin, qui est passé de 108 000 à plus de 122 000 dollars.
À première vue, ce volume de vente peut surprendre. Pourtant, il ne représente qu’une petite portion des avoirs crypto du Bhoutan, estimés à plus de 11 400 BTC. Au prix actuel, c’est environ 1,4 milliard de dollars.
En d’autres termes, le Bhoutan n’a pas vidé ses coffres numériques : il a procédé à une prise de bénéfices partielle. Il s’agit d’une stratégie classique dans tout portefeuille diversifié.
Les transactions montrent une logique organisée : une opération de 208 BTC (23 millions $), puis plusieurs plus modestes (100 BTC, 99 BTC, etc.). Ce fractionnement reflète une volonté de ne pas perturber le marché tout en sécurisant des gains conséquents.
Entre le 3 et le 14 juillet, la valeur globale des avoirs cryptos du royaume a même augmenté de plus de 100 millions de dollars, malgré les ventes. Un signe que cette manœuvre n’a rien de défensif, au contraire, elle est calculée.
Le Bhoutan, pionnier discret de la stratégie crypto étatique
Le Bhoutan n’est pas un néophyte sur la scène Web3. Depuis plusieurs années, le pays investit dans les actifs numériques avec une approche résolument pragmatique.
Contrairement à d’autres États comme le Salvador, qui ont fait du bitcoin un emblème politique, le Bhoutan cultive une stratégie financière silencieuse mais efficace.
Le pays gère son portefeuille crypto comme le ferait un hedge fund bien rodé : il entre, sort, rééquilibre. Et ce, sans communication tapageuse.
La stabilité du nombre de tokens dans son portefeuille Ethereum (656 ETH), malgré une hausse de 18 % de sa valeur en une semaine, illustre cette méthode. Pas de ventes précipitées, pas d’achats impulsifs : seulement une gestion tactique et optimisée.
Cette posture étonne d’autant plus qu’elle émane d’un État peu connu pour son influence géopolitique ou économique. Pourtant, le Bhoutan montre que, même sans poids militaire ou industriel, on peut tirer profit des cycles crypto avec intelligence.
Bitcoin, actif financier à part entière ?
Ce mouvement du Bhoutan s’inscrit dans un contexte plus large : celui de la maturation du bitcoin comme actif souverain. Alors que la volatilité du BTC avait longtemps freiné les institutions, les récents comportements d’acteurs étatiques montrent un changement de paradigme.
Le bitcoin n’est plus seulement un actif spéculatif ou un outil de contestation monétaire : il devient un instrument de politique économique.
Le fait que le Bhoutan vende au sommet, dans un climat géopolitique tendu (avec de nouveaux droits de douane entre les États-Unis, l’UE et le Mexique), montre une certaine indépendance stratégique.
Là où d’autres États auraient gelé leurs réserves ou cherché à se désengager, le Bhoutan profite de la fenêtre pour consolider ses réserves en fiat sans réduire son exposition au marché crypto. Il s’agit d’une approche digne des grandes banques centrales : on diversifie, on temporise, on capitalise.
Loin d’un désengagement, la vente de 60 millions de dollars en bitcoin par le Bhoutan est une preuve de maturité financière. En ajustant ses positions sans céder à la panique ou à l’euphorie, le royaume himalayen montre qu’une gestion rationnelle et dépolitisée des cryptos est non seulement possible, mais potentiellement lucrative.