Depuis 2021, El Salvador s’est imposé comme pionnier de l’adoption du Bitcoin. Le président Nayib Bukele a fait de la cryptomonnaie une composante essentielle de sa politique économique. Pourtant, le Fonds monétaire international (FMI) vient de contester un point clé de cette stratégie : l’accumulation quotidienne de BTC par le gouvernement salvadorien. Un désaccord qui relance le débat sur la transparence du pays.
Le FMI contredit les déclarations du gouvernement
Lors d’un point presse le 24 juillet, Julie Kozack, directrice de la communication du FMI, a affirmé que le gouvernement d’El Salvador n’achetait plus de Bitcoin. Selon elle, les avoirs actuels en BTC du pays restent inchangés depuis plusieurs mois. Cette déclaration entre en contradiction directe avec les publications de Nayib Bukele, qui assurait depuis fin 2022 acheter un BTC par jour pour l’État.
Dans les faits, le FMI indique que les engagements pris dans le cadre du programme d’assistance financière excluent toute nouvelle accumulation d’actifs volatils comme le Bitcoin. Cette précision vise à rassurer les marchés et les créanciers. En clair, le Salvador aurait dû cesser ses achats pour respecter les exigences du fonds.
Une politique crypto dans un flou juridique
Le gouvernement n’a pas officiellement répondu aux affirmations du FMI. Pourtant, les doutes sur la réalité des achats de BTC par l’État salvadorien ne sont pas nouveaux. Aucune preuve on-chain vérifiable ne permet de confirmer la régularité des transactions. Les portefeuilles utilisés par le gouvernement restent anonymes, et les publications sur les réseaux sociaux manquent de transparence.
Selon certaines sources locales, des entreprises privées proches du pouvoir pourraient réaliser les achats à la place de l’État. Une stratégie qui permettrait de continuer l’accumulation tout en respectant, sur le papier, les exigences du FMI. Mais cette hypothèse reste spéculative, faute d’éléments concrets.
Un équilibre entre indépendance financière et pression internationale
Depuis son adoption du Bitcoin, El Salvador cherche à s’affranchir des institutions financières traditionnelles. Pour Bukele, le BTC symbolise une rupture avec la dépendance au dollar et aux prêts conditionnés du FMI. Toutefois, cette posture de défiance a ses limites.
En mars dernier, le FMI a accordé une ligne de crédit de 1,4 milliard de dollars au Salvador. Ce financement est essentiel pour stabiliser les comptes publics et soutenir la dette extérieure. En retour, le pays s’est engagé à suivre une feuille de route budgétaire stricte, qui semble incompatible avec de nouveaux achats de Bitcoin.
Le message du FMI est donc clair : l’adoption du BTC peut se poursuivre à des fins symboliques, mais sans compromettre les équilibres macroéconomiques. Un compromis fragile, mais indispensable pour maintenir la confiance des bailleurs de fonds.
L’adoption mondiale progresse malgré les controverses
Pendant que le Salvador cherche à maintenir son image de pays crypto-friendly, l’adoption se poursuit ailleurs dans le monde. Aux États-Unis, le Congrès travaille sur plusieurs textes pour encadrer les stablecoins et sécuriser les transactions en cryptomonnaies. Des initiatives similaires émergent en Europe, en Asie et en Amérique latine.
Le Salvador reste un modèle atypique. Son pari sur le Bitcoin continue de fasciner, mais suscite aussi des critiques sur le manque de clarté et de supervision. Qu’il s’agisse d’un projet politique, d’un outil de communication ou d’une réelle stratégie économique, l’usage du BTC par l’État salvadorien reste difficile à cerner.
Ce flou alimente les tensions avec le FMI, tout en renforçant l’aura du pays dans la communauté crypto. Même sans preuves concrètes, l’idée que le Salvador accumule du BTC reste ancrée dans les esprits. Et c’est peut-être là l’objectif réel de cette stratégie.