DarkFi et Nym : l’émergence d’un web crypto anti-KYC

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Pourquoi Nous Faire Confiance
Pourquoi Nous Faire Confiance

Alors que les États améliorent leurs outils de surveillance et que la régulation s’accentue sur l’écosystème crypto, une autre révolution technologique se trame dans l’ombre.

Discrète, radicale, entièrement chiffrée, elle s’appelle DarkFi, Nym ou encore Fedi.

Leur point commun : offrir un refuge numérique aux irréductibles de la vie privée, loin des cases à cocher du KYC et des scanners biométriques.

En mai 2025, le projet DarkFi a lancé la première version publique de son protocole. L’événement est passé presque inaperçu, éclipsé par les annonces des grands acteurs du secteur et les caprices des marchés.

Pourtant, ce lancement marque un tournant : celui d’un retour assumé aux racines cypherpunks d’un Internet où l’anonymat n’est pas un privilège, mais un droit.

DarkFi : une blockchain hors du monde

Imaginé par Amir Taaki, figure controversée crypto-anarchiste, DarkFi n’est pas une simple copie avec une couche de chiffrement.

C’est un système complet, pensé dès le départ pour fonctionner en dehors de toute infrastructure centralisée, loin des clouds, des exchanges régulés et des obligations fiscales.

On y trouve des smart contracts reposant sur des preuves à connaissance nulle (ZK), un chat p2p chiffré qui s’appelle DarkIRC, un système de tâches collaboratives anonyme, et même des outils de gouvernance pour des DAO invisibles.

“La vie privée est la condition nécessaire à la liberté, déclarent les développeurs dans leur manifeste, où il est question de renaissance sombre, de création radicale et de refus des compromis. »

Le code, publié en open source, tourne déjà sur un réseau peer-to-peer reposant sur Tor, et devrait bientôt intégrer le système Nym pour masquer également les métadonnées réseau.

Nym : brouiller les pistes, jusqu’au dernier octet

Si DarkFi vise le sommet (applications, gouvernance, transactions), Nym, lui, opère à la base. C’est un mixnet, un réseau de relais cryptographiques qui brouillent les chemins empruntés par les données.

À chaque nœud, les paquets sont mélangés, retardés, reformater.

Résultat : plus aucune métadonnée exploitable, ni sur la provenance, ni sur la destination, ni sur l’heure exacte du message.

Le projet est mûr : lancé en 2019, il publie régulièrement des mises à jour. La dernière version stable remonte à février 2025. Elle inclut un client VPN, un SDK pour les développeurs, et plusieurs audits de sécurité réalisés par des firmes indépendantes comme Cure53 ou Oak Security.

La latence reste importante – le prix de l’anonymat absolu – mais pour ceux qui privilégient la confidentialité à la vitesse, c’est un compromis acceptable.

Le retour d’un Web souterrain ?

À mesure que les régulateurs mondiaux serrent la vis – de l’Union européenne à la Corée du Sud, en passant par les États-Unis – la demande pour des outils véritablement anonymes augmente.

Les portefeuilles autonomes mis sous pression, protocoles mixers criminalisés, influenceurs financiers traqués : pour beaucoup, l’alternative devient simple. Se plier ou disparaître.

Et c’est précisément ce que proposent DarkFi et Nym : disparaître. Non pas se cacher dans un coin d’Internet, mais construire un écosystème complet qui échappe par nature à la surveillance.

Un Web opaque, non indexé, sans comptes à créer ni identité à prouver.

Jusqu’où les laissera-t-on aller ?

La question n’est pas technologique, mais politique. Si des plateformes comme Tornado Cash ont été bannies, leurs développeurs poursuivis, que dire d’un système entier où chaque brique – du smart contract au protocole réseau – est conçu pour rendre toute intervention extérieure impossible ?

Les défenseurs de ces projets invoquent le droit à la vie privée, la résistance aux régimes autoritaires et la nécessité d’un espace numérique libre. Leurs détracteurs y voient un terreau pour le blanchiment d’argent, la cybercriminalité et la dissidence incontrôlable.

D’un côté, un appareil réglementaire à bout de souffle tente de tout contrôler, de l’autre, des développeurs bâtissent des outils qui ne peuvent plus être contrôlés.

Une guerre froide numérique

Nous entrons dans une nouvelle ère de la cryptographie. Celle de l’infrastructure furtive. DarkFi, Nym, et quelques autres s’organisent non pas pour convaincre ou séduire, mais pour survivre dans un monde qui les exclut d’emblée.

Leur objectif n’est pas l’adoption massive, ni l’intégration aux marchés réglementés.

Il est plus simple, plus radical : exister en dehors. Et tant que leur code sera partagé, leurs idées traduites, et leurs réseaux distribués, cette existence sera difficile à effacer.

“La vie privée est un droit. Mais sur Internet, ce droit n’existe pas par défaut. Il faut des outils cryptographiques pour le défendre.” A Cypherpunk’s Manifesto

Par Marc Rodrigue

Arpentant le web depuis la fin des années 90 Marc Rodrigue a su développer une curiosité pour les nouvelles technologies le rendant passionné notamment de ces nouvelles monnaies numériques. Son but est simple : permettre à tout le monde de s'informer et d'apprendre davantage sur l'univers des crypto-monnaies.