C’est une étape importante : les États-Unis disposent désormais d’un cadre fédéral pour les stablecoins. Le président Donald Trump a signé le GENIUS Act (Guiding and Establishing National Innovation for U.S. Stablecoins), une loi qui encadre ces actifs numériques adossés au dollar.
L’objectif est simple : poser des règles claires pour un secteur en pleine croissance, longtemps laissé à l’appréciation des régulateurs locaux. Et au passage, envoyer un signal politique.
Ce que contient la loi
Le texte impose que chaque stablecoin soit intégralement garanti par des réserves en dollars ou en actifs liquides similaires. Une mesure destinée à rassurer autant les investisseurs que les institutions.
Autre point clé : les émetteurs dépassant les 50 milliards de dollars de capitalisation devront faire l’objet d’audits annuels. On pense évidemment à des géants comme Tether ou Circle. Cette exigence vise à renforcer la transparence, un enjeu de fond pour le secteur.
Enfin, la loi ne se limite pas aux acteurs américains. Les entreprises étrangères voulant opérer sur le marché US devront respecter les mêmes règles. Une manière pour Washington de garder la main sur ce qui touche, de près ou de loin, à sa souveraineté monétaire.
Une opportunité politique pour Trump
Au-delà de l’aspect technique, cette loi tombe à point nommé pour Donald Trump. Lors de la cérémonie de signature, il a évoqué « un grand pas pour l’innovation financière« , tout en glissant une plaisanterie sur le nom de la loi (GENIUS). Le clin d’œil est clair.
Trump cherche à se positionner comme favorable à l’innovation crypto, en rupture avec la politique de l’administration Biden, souvent perçue comme plus méfiante vis-à-vis de la crypto. Ce discours s’inscrit dans une série de mesures récentes, dont l’abandon d’un projet de taxation jugé pénalisant pour les plateformes d’échange.
Des personnalités comme Brian Armstrong (Coinbase), Jeremy Allaire (Circle) ou encore Paolo Ardoino (Tether) ont salué la signature du texte. Il s’agit d’une une avancée après des années d’incertitudes.
Mais tout le monde n’applaudit pas
Malgré une large adoption à la Chambre (308 voix pour, 122 contre), le GENIUS Act n’a pas fait l’unanimité. Plusieurs Républicains ont bloqué la procédure à certains moments, et des voix démocrates se sont élevées contre le projet.
La plus critique reste Maxine Waters, figure influente du camp démocrate, qui a dénoncé de possibles conflits d’intérêts liés au stablecoin World Liberty Financial USD, réputé proche de l’entourage Trump. Elle a aussi évoqué le risque d’ingérence étrangère, en particulier si des acteurs sous sanctions arrivent à contourner les garde-fous.
Pour l’instant, aucun élément concret ne vient étayer ces craintes, mais elles montrent à quel point le sujet reste sensible politiquement.
Un tournant pour les stablecoins ?
Qu’on soit pour ou contre, le GENIUS Act change la donne. Il officialise l’existence légale des stablecoins aux États-Unis. En outre il encourage l’arrivée de capitaux institutionnels. Pour les entreprises du secteur, c’est la fin d’une longue période de flou juridique.
Face à l’Europe (et son règlement MiCA) ou à certains pays d’Asie aux modèles plus centralisés, les États-Unis posent ici une première pierre. D’autres régulations suivront sans doute, sur les plateformes, la DeFi ou les cryptos non stables.
Le GENIUS Act ne réglera pas tout, mais il donne enfin un cadre clair à un pan entier de l’économie numérique. C’est aussi une manière pour Trump de reprendre la main sur un sujet stratégique, à la fois économique, technologique et géopolitique.
L’avenir dira si cette loi tiendra ses promesses. Ce qui est certain, c’est que les stablecoins ont désormais un statut juridique clairement défini.