Longtemps reléguées aux marges de la finance décentralisée, les ICO (Initial Coin Offerings) pourraient bien retrouver leur place. Non pas grâce à une hype spontanée, mais sous l’impulsion directe du Sénat américain. Un projet de loi récemment présenté vise à assouplir et clarifier le cadre légal autour des levées de fonds crypto. Plusieurs projets se positionnent déjà pour en tirer parti, dont Snorter et Token6900.
Une proposition de loi taillée pour les jeunes pousses crypto
Le texte s’ajoute à la CLARITY Act déjà adoptée par la Chambre. L’objectif : faciliter l’entrée sur le marché pour les projets crypto, tout en gardant une surveillance minimale.
Il permettrait de lever jusqu’à 75 millions de dollars par an pendant quatre ans, à condition que les tokens émis ne confèrent ni droits de propriété ni dividendes. Bref, qu’ils ne relèvent pas des titres financiers. Ces jetons seraient classés comme « actifs auxiliaires », échappant de fait au giron de la SEC.
L’approche reprend des éléments du Lummis-Gillibrand bill, avec un mot d’ordre : simplifier. Plus besoin de batailler pendant des mois pour prouver qu’un token n’est pas une « security ». Pour les fondateurs de projets, c’est une ouverture majeure.
Reste quelques angles morts. La notion d’ »intérêt financier implicite », mal définie, pourrait poser problème aux tokens hybrides. Mais le texte, bien plus léger que la CLARITY Act (35 pages contre 168), semble conçu pour avancer vite. Et les projets les plus alertes ne comptent pas attendre le vote pour se positionner.
Snorter : un outil de trading sous costume de mèmecoin
Snorter se distingue des mèmecoins habituels. Le projet propose un bot de trading rapide et accessible via Telegram. Il offre des fonctions concrètes : réduction de frais, staking , et compatibilité multi-chain.
Lancé sans tapage, le token $SNORT a déjà levé plus de 2 millions de dollars en prévente, porté par une communauté Telegram engagée et une viralité maîtrisée sur X.
Pas de promesses extravagantes, mais une mécanique claire : faire de $SNORT un accélérateur pour les traders. Interface sobre, mises à jour régulières, infrastructure solide : Snorter avance à contre-courant des promesses vides.
Reste à voir si l’effet réseau jouera en sa faveur. Une offre limitée, un listing sur une plateforme majeure, et le réflexe FOMO pourrait faire le reste. Surtout dans un marché avide de produits à la fois ludiques et utiles.
Token6900 : la spéculation comme performance artistique
À l’opposé, Token6900 pousse l’absurde à son paroxysme. Pas de roadmap, pas de produit, pas d’objectif. Juste un mème, une ironie bien dosée et une levée de fonds déjà supérieure à un million de dollars. Le tout pour un token à 0,0067 $, avec un supply capé à 5 millions d’unités.
Ici, la spéculation devient un geste artistique. Le projet ne propose rien et c’est ce vide revendiqué qui attire. Token6900 tourne en dérision l’industrie crypto et ses grandes promesses jamais tenues.
Et paradoxalement, ce flou pourrait le rendre parfaitement éligible au statut d’ »actif auxiliaire » : aucun droit explicite, aucune utilité réelle. Juste un objet de désir spéculatif. Ce qui, dans ce contexte législatif, pourrait suffire.
Deux stratégies, une même fenêtre de tir
Avec ce projet de loi, le Sénat réinvente les ICOA. Loin des excès de 2017, l’idée est de bâtir un cadre souple mais balisé. Assez clair pour éviter les abus, assez permissif pour encourager l’innovation.
Snorter et Token6900 incarnent deux réponses à cette nouvelle donne. Le premier mise sur la valeur d’usage, le second sur le chaos assumé. Tous deux s’adaptent à un cadre où le narratif, la viralité et la conformité minimale suffisent à capter l’attention et les capitaux.
La suite dépendra du calendrier législatif. Mais une chose est claire : les acteurs crypto ont compris que l’espace se rouvre, et ils sont déjà en train d’y entrer.