Ethereum s’apprête-t-il à franchir un cap inédit ? Alors que la crypto évolue autour des 3 600 $ en ce mois de juillet 2025, Arthur Hayes, ex-PDG de BitMEX, relance les débats avec une prévision pour le moins audacieuse : Ethereum pourrait grimper jusqu’à 10 000 $ d’ici fin décembre. Une déclaration qui fait grincer quelques dents. Alors, faut-il y voir les prémices d’un nouvel envol, ou les signes avant-coureurs d’une bulle prête à éclater ?
Pourquoi 10 000 $ maintenant pour la crypto ETH?
À première vue, l’estimation paraît démesurée. La crypto ETH reste encore loin de son précédent sommet à 4 878 $, atteint fin 2021, et pourtant, Hayes a doublé son objectif initial de 5 000 à 10 000 $ en l’espace de quelques semaines. Qu’est-ce qui motive une telle révision ? Plusieurs éléments, selon lui, convergent.
Premier signal : le retour marqué de l’intérêt institutionnel. D’après les derniers chiffres, plus de 2,1 milliards de dollars ont afflué vers les ETF Ethereum en une seule semaine aux États-Unis. Une dynamique impressionnante, qui pourrait repositionner la crypto ETH comme un actif « sérieux », davantage intégré dans les portefeuilles traditionnels.
Deuxième facteur, le contexte macroéconomique américain. Hayes estime que Washington va devoir creuser encore son déficit, notamment pour soutenir la réindustrialisation dans un climat géopolitique tendu. Résultat : une injection massive de liquidités, qui profiterait mécaniquement aux actifs décentralisés, perçus comme un refuge face à la dilution monétaire.
Dernier point, plus subjectif mais non négligeable : le sentiment de revanche. Longtemps mis en retrait au profit de la crypto Solana ou d’autres “Ethereum killers”, ETH semble regagner les faveurs d’une partie des investisseurs. Ceux-là même qui cherchent aujourd’hui une plateforme plus établie, plus conforme aux attentes des régulateurs bref, moins risquée sur le papier.
Franchement, difficile à dire si ce revirement tiendra dans la durée. Mais pour l’instant, le vent semble tourner.
L’ombre d’un crash : l’enthousiasme peut-il devenir dangereux ?
Toute envolée soudaine a son revers. Et certains analystes crypto commencent à lever le doigt : l’emballement actuel pourrait bien masquer une bulle en formation.
Car Ethereum, rappelons-le, reste une crypto instable. En un mois, ETH a bondi de plus de 52 %. Une progression fulgurante, difficile à justifier uniquement par des évolutions techniques ou des revenus réseau. On pense forcément à 2021, où un emballement similaire avait précédé une sévère correction.
Par ailleurs, les ETF crypto ne constituent pas un bouclier en soi. Leur succès dépend d’un environnement macro favorable. Si la Fed resserre sa politique monétaire, ou si une crise géopolitique éclate, ces flux peuvent se tarir aussi vite qu’ils sont apparus.
Le réseau Ethereum lui-même n’est pas exempt de critiques. Lors des pics d’activité, les frais de transaction flambent à nouveau, ce qui dissuade les utilisateurs. Les solutions de seconde couche (Arbitrum, Optimism…) tardent à s’imposer, et la concurrence ne faiblit pas. Solana, notamment, séduit toujours par sa rapidité et ses faibles coûts.
Un pari crypto sur la politique monétaire américaine
Hayes inscrit son raisonnement dans une logique plus large, qu’on pourrait qualifier de macro-crypto. Selon lui, les cycles haussiers des cryptos suivent de près l’évolution du crédit global, en particulier aux États-Unis.
Il cite en exemple la période post-Covid : entre 2020 et 2021, le crédit a doublé, et bitcoin a été multiplié par 15. Hayes pense que les conditions actuelles rappellent ce scénario.
Mais ce raisonnement repose sur une hypothèse fragile : que la politique accommodante se poursuive sans accroc. Or, toute inflexion hausse des taux, baisse des dépenses publiques, nouveau tour de vis réglementaire pourrait couper net l’élan. On en est encore loin, mais certains commencent déjà à se couvrir.
ETH à 10 000 $, rêve ou mirage crédible ?
La crypto Ethereum à 10 000 $ n’a rien d’impossible. Mais ce scénario repose sur une série de conditions favorables, dont aucune n’est acquise : afflux continu de capitaux institutionnels, politique monétaire souple, stabilité géopolitique et adoption technique en progression.
Arthur Hayes, on le connaît : provocateur assumé, mais souvent visionnaire. Reste que son style flamboyant « le bull run va déchirer le marché d’un nouvel orifice » masque mal la fragilité d’un tel pari.
Pour les investisseurs, le message est double. Oui, la crypto ETH peut viser plus haut. Mais non, le chemin ne sera pas linéaire. Entre euphorie rationnelle et emballement dangereux, la ligne est mince. Pour l’instant, personne ne sait de quel côté elle va céder. Mais l’automne s’annonce électrique.