Franchement, ça chauffe à la frontière. On ne va pas se mentir : entre Ottawa et Washington, ce n’est pas vraiment la lune de miel.
Depuis que le Canada a décidé de taxer les géants américains du numérique à hauteur de 3 %, les relations ont pris un tournant sec.
Et le gouvernement de Trump n’a pas mis longtemps à réagir : suspension des discussions commerciales, menaces de représailles tarifaires. Bref, c’est tendu.
Mais dans cette ambiance électrique, un acteur inattendu commence à sortir du bois : l’écosystème crypto. Certains y voient même un terrain de rapprochement. Ou de compétition, c’est selon…
Une taxe qui met le feu aux poudres
Début juin 2025, le gouvernement canadien lance une taxe de 3 % sur les revenus numériques générés localement par les grandes plateformes technologiques. Objectif ?
Faire contribuer les géants américains (Google, Meta, Amazon…) à l’économie numérique canadienne. C’était prévu depuis des mois, mais jusque-là, suspendu en attendant un accord multilatéral à l’OCDE.
Accord qui n’est jamais venu. Trump, fidèle à lui-même, n’a pas mâché ses mots. Le 27 juin, il suspend unilatéralement les discussions commerciales avec Ottawa.
Et menace d’appliquer de nouveaux tarifs douaniers sur plusieurs produits canadiens dans la foulée.
Bois d’œuvre, énergie, agriculture… tout y passe. Le Canada, lui, reste ferme. Carney joue la désescalade, mais en coulisses, il sait que la pression monte.
Du côté de la population ? Étonnamment soudée. Selon des sondages relayés par CBC, plus de 85 % des Canadiens soutiennent la taxe numérique.
Et beaucoup appellent à réduire la dépendance économique au voisin du sud.
Donald J. Trump Truth Social 06.27.25 01:44 PM EST pic.twitter.com/kqmNyDXwgJ
— Commentary Donald J. Trump Posts From Truth Social (@TrumpDailyPosts) June 27, 2025
Le Web3 en embuscade
Mais pendant que les politiques s’écharpent, l’industrie du Web3 avance. Discrètement, mais sûrement.
En mai dernier, le sommet Consensus 2025, organisé à Toronto, a réuni les poids lourds de la crypto nord-américaine. Des noms comme Dapper Labs, ChainSafe, ou encore Wealthsimple ont multiplié les annonces.
On a vu aussi quelques ponts avec des boîtes américaines, venues chercher un climat plus… tolérant.
Car disons-le clairement : aujourd’hui, le Canada est perçu comme un des pays les plus favorables à l’innovation blockchain. Réglementation claire, sandbox en place, dialogue ouvert avec les régulateurs…
Comparé à l’environnement encore rigide côté américain (même si ça bouge un peu avec la task force crypto de la SEC), le contraste est saisissant.
Plusieurs exchanges et développeurs commencent à s’établir à Vancouver ou Montréal. Pas par hasard.
🙌 Thank you to the 15,000 people from across crypto, blockchain, and web3 who have gathered in Toronto for #Consensus2025.
Join us in Hong Kong & Miami for 2026.
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— #Consensus2026 (@consensus2026) May 14, 2025
Diplomatie en mode décentralisé ?
Ce qui est intéressant, c’est que la blockchain ne reste pas cantonnée au secteur privé. Elle entre progressivement dans le jeu diplomatique.
Le Canada Blockchain Consortium, lors d’un sommet en juin à Ottawa, a mis sur la table des idées concrètes.
En autres, utiliser la blockchain pour fluidifier les processus douaniers, sécuriser les certificats d’origine, voire imaginer des smart contracts pour des accords bilatéraux automatisés.
Rien de signé encore, mais ça parle. Et ça parle fort.
Le gouvernement canadien semble vouloir positionner le pays comme un hub neutre, entre États-Unis et reste du monde, capable d’attirer les projets blockchain tout en les encadrant.
Une forme de “diplomatie technologique” émerge, qui contourne les circuits traditionnels.
Et côté US ? On observe, on jauge. Pas sûr que ça plaise à tout le monde à Washington.
En clair
Alors voilà : pendant que les gouvernements s’envoient des piques commerciales, le monde crypto trace son propre chemin.
Paradoxalement, la tension actuelle pourrait créer un appel d’air. Une sorte de fenêtre d’opportunité. Le Canada a les cartes en main pour devenir un acteur central du Web3 en Amérique du Nord.
En crypto comme ailleurs, c’est souvent dans le bruit qu’on construit l’avenir. Et là, on commence à entendre du mouvement.