BUIDL, stablecoin crypto de BlackRock : 2,9 milliards de dollars et une adoption croissante

Avertissement : l'information présente dans ce guide ne constitue pas un conseil en investissement. Faites toujours vos propres recherches avant d'investir, et ne mettez pas en jeu une somme d'argent que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre.
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En un peu plus d’un an, BlackRock, mastodonte de la gestion d’actifs, a discrètement glissé ses pions dans le monde de la crypto.

Son produit ? BUIDL, un stablecoin d’un genre particulier, adossé à un fonds monétaire en bons du Trésor.

Mi-juin 2025, il pèse déjà 2,9 milliards de dollars. Et ce n’est sans doute qu’un début.

BUIDL, acronyme de « BlackRock USD Institutional Digital Liquidity Fund« , a été lancé en mars 2024 sur Ethereum, via le protocole Securitize.

Ce n’est pas une crypto dans le sens classique du terme. Il s’agit d’un actif tokenisé, représentant une part dans un vrai fonds, avec un rendement quotidien.

Et derrière, il y a du concret : des titres du Trésor américain, logés chez Bank of New York Mellon.

Collatéral en pleine adoption

Dernière évolution en date, et pas des moindres : Crypto.com et Deribit ont annoncé cette semaine qu’ils acceptaient BUIDL comme collatéral. Une première. Cela signifie que les traders peuvent utiliser ce jeton pour garantir leurs positions, comme ils le feraient avec l’USDT ou l’USDC.

Mais avec un avantage : le rendement continue de tomber pendant que le jeton est immobilisé.

Un détail ? Pas vraiment. Cela renforce la position de BUIDL comme instrument liquide, sûr et rémunérateur.

Et ça attire, surtout chez les investisseurs institutionnels, toujours à la recherche de dollars stables… mais avec un retour.

Ethereum en toile de fond

Sans surprise, c’est Ethereum qui concentre l’essentiel des flux. Plus de 93 % des jetons BUIDL circulent sur ce réseau, selon les données on-chain.

Le reste s’étend sur Solana, Polygon ou encore Base. La stratégie est claire : offrir une interopérabilité maximale dans l’écosystème DeFi.

Un signal fort a été envoyé par Joseph Lubin, cofondateur d’Ethereum, qui parlait récemment d’Ethereum comme de « l’infrastructure neutre pour la finance mondiale tokenisée« .

Sans nommer BUIDL, le message semblait viser juste.

Explosion du marché des Trésors tokenisés

BlackRock n’est pas seul sur ce créneau, mais il est de loin le plus visible. En juin 2025, le marché des bons du Trésor tokenisés a dépassé les 7 milliards de dollars, contre à peine 2 milliards fin 2024.

Une progression fulgurante. BUIDL représente environ 40 % de ce total, selon les chiffres publiés par rwa.xyz et analysés par Coinbase Institutional.

Derrière cette croissance, un intérêt croissant des fonds, des corporates, et même de certains fonds souverains, pour des actifs libellés en dollars, facilement transférables et programmables.

Ni USDT, ni USDC, mais autre chose

Ce que propose BUIDL, c’est une alternative aux stablecoins classiques.

Contrairement à l’USDT, dont les réserves font encore débat, ou à l’USDC, qui peine à sortir du cercle américain, BUIDL inspire confiance dans les milieux institutionnels. Pas de flou sur la collatéralisation. Pas de promesse abstraite.

Mais aussi, une centralisation assumée. On est loin de l’idéologie de la finance décentralisée. Les parts sont émises via Securitize, dans un cadre strictement régulé.

Le KYC est obligatoire. Les transferts peuvent être bloqués. Bref, on est plus proche de Wall Street que du white paper de Satoshi.

La finance programmable, version institutionnelle

Ce glissement n’est pas anodin. En quelques mois, la DeFi a absorbé une partie des codes de la finance traditionnelle.

Et inversement. Les géants comme BlackRock s’installent dans l’infrastructure, en utilisant les outils de la blockchain… mais en les adaptant à leur logique : contrôle, conformité, efficacité.

L’arrivée de BUIDL comme collatéral marque une nouvelle étape. Ce n’est plus un jeton à la marge. C’est un outil central dans des stratégies de couverture, de prêt, voire de financement. Et cela pourrait rebattre les cartes.

Une privatisation du dollar numérique ?

Dans le fond, la question qui se pose est politique. Avec BUIDL, BlackRock a peut-être créé le premier dollar numérique global, fonctionnel et adopté, sans passer par la Réserve fédérale.

Un dollar privatisé, mais adossé au Trésor. Circulant sur des réseaux ouverts. Et utilisé, déjà, dans des dizaines de pays.

Là où les projets de CBDC patinent, BUIDL avance. Sans bruit. Sans débat public. Mais avec efficacité.

Pour certains observateurs, c’est une “tokenisation du dollar par le marché”, sans validation des autorités monétaires. Pour d’autres, c’est simplement la suite logique d’un système qui cherche à gagner en efficacité.

En conclusion

BUIDL n’est sûrement pas aussi sexy qu’un memecoin ou aussi révolutionnaire que le Bitcoin. Mais son impact pourrait être beaucoup plus durable. BlackRock a posé les bases d’une infrastructure monétaire programmable, taillée pour les marchés mondiaux. Et elle est déjà utilisée.

Le vrai tournant, ce n’est peut-être pas l’adoption du Web3 par les utilisateurs. C’est l’adoption du Web3 par Wall Street. Et dans cette course, BlackRock a une longueur d’avance.

Par Marc Rodrigue

Arpentant le web depuis la fin des années 90 Marc Rodrigue a su développer une curiosité pour les nouvelles technologies le rendant passionné notamment de ces nouvelles monnaies numériques. Son but est simple : permettre à tout le monde de s'informer et d'apprendre davantage sur l'univers des crypto-monnaies.