Le Bitcoin frôle les 119 000 dollars. De nouveaux records, de nouveaux espoirs, mais aussi de vieilles questions qui reviennent. Jusqu’où peut-il aller… avant de redescendre ? Car le passé pèse lourd : à chaque cycle, ou presque, le scénario s’est répété. Une envolée, puis un krach. Brutal, souvent vertigineux.
Alors oui, 2025 n’est plus 2017. Le contexte a changé. Le marché aussi. Mais est-ce que ça suffit à écarter le risque d’un nouveau plongeon ? Pas si évident.
Des précédents difficiles à ignorer
Le parcours du bitcoin est tout sauf linéaire. C’est une succession de pics et de chutes, parfois violentes. En 2011, il monte à 32 dollars avant de retomber à 2. En 2013, il grimpe à 1 150, puis chute à 150. En 2017, c’est 20 000 dollars, suivis d’un retour à 3 100 un an plus tard. En 2021, rebelote : 69 000 dollars au plus haut, 15 500 un an plus tard. Moins 77 %.
Le schéma est presque mécanique : une euphorie, un sommet, et environ douze mois plus tard, la correction. Ce n’est pas une règle, mais une régularité assez troublante pour faire réfléchir.
À l’époque, le marché était très majoritairement porté par des particuliers. Beaucoup achetaient par effet de mode, ou par peur de rater le train. Ce fameux FOMO. Résultat : ça montait vite et ça craquait tout aussi vite.
Le rôle des institutions : stabilisateurs ou illusion d’ancrage ?
Aujourd’hui, la donne est différente. Le bitcoin n’est plus uniquement l’affaire de communautés Reddit ou de passionnés en ligne. Il est entré dans les portefeuilles de géants comme BlackRock, Fidelity ou VanEck, notamment via les ETF au comptant lancés début 2024.
Leur arrivée change la dynamique : gestion plus rationnelle, horizon d’investissement plus long, moins de fébrilité a priori. Le marché gagne en profondeur. Et pourtant ça ne veut pas dire qu’il est à l’abri.
Car ces mêmes acteurs peuvent aussi sortir vite, et en masse en cas de choc macro ou de retournement réglementaire. Le simple fait qu’ils soient là ne garantit rien. Ce n’est pas un parachute automatique.
Un autre facteur pèse : le climat politique. Les signaux venus de Washington, plus favorables ces derniers mois, participent à l’ancrage du Bitcoin dans le paysage financier américain. Ce qui, mine de rien, change la perception. Mais là encore, rien n’est figé.
Un -80 % reste possible, mais sur quels catalyseurs ?
Techniquement, rien n’empêcherait le bitcoin de retomber vers 25 000 dollars si l’histoire se répétait. Ce serait un retour en arrière brutal, mais pas inédit. Pour que cela arrive, il faudrait un enchaînement de mauvaises nouvelles : régulation musclée, effondrement de la liquidité, retrait massif des institutionnels.
Aujourd’hui, ce n’est pas ce qu’on voit. Les flux vers les ETF restent soutenus, l’offre est comprimée par le halving, et les grands fonds ne donnent pas de signe de désengagement.
Mais ce marché reste nerveux. Une mauvaise surprise, un choc externe, et la dynamique peut s’inverser rapidement. Ce n’est pas nouveau. Même les investisseurs pros ne sont pas toujours rationnels quand la pression monte.
Des cycles qui se transforment
Le Bitcoin évolue par cycles. C’est une évidence pour quiconque suit le marché depuis quelques années. Et ces cycles sont en partie liés au halving, qui restructure mécaniquement l’offre.
Mais ils ne se répètent pas à l’identique. Les acteurs changent, les outils aussi. Ce qui était vrai en 2013 ne l’est plus vraiment aujourd’hui.
On pourrait même dire que le marché “apprend”. Beaucoup de ceux qui restent ont connu des hauts et des bas. Ils savent que le bitcoin a rebondi après chaque tempête, mais que ces rebonds prennent du temps, et ne sont jamais garantis.
Garder les pieds sur terre
Un effondrement de 80 %, comme par le passé, n’est pas à exclure. Ce n’est pas le scénario central, mais il reste possible. Cela dit, le marché de 2025 n’a plus grand-chose à voir avec celui de ses débuts. Il est plus structuré, plus liquide, mieux connecté aux grandes institutions.
Est-ce que ça veut dire qu’il est devenu “mature” ? Pas vraiment. Mais il encaisse mieux. Et surtout, il est désormais surveillé et beaucoup plus observé.
Ce que ça implique, en pratique ? Ne pas céder à l’euphorie. Ne pas sous-estimer les risques. Et ne pas perdre de vue que dans l’univers crypto, l’histoire aime se répéter… mais jamais tout à fait de la même manière.