Le bitcoin refait parler de lui. Tandis que certains annoncent une explosion imminente, d’autres évoquent une ultime accalmie avant la vraie déferlante. Le marché, lui, oscille : entre consolidations techniques et signaux venus des institutions, il peine à choisir son camp. Une question se pose donc, assez simplement : s’agit-il de la dernière fenêtre d’accumulation avant une envolée durable ? Difficile à trancher. Mais ce moment, en apparence calme, porte en lui une tension bien réelle.
L’arrivée des ETF Bitcoin : un changement de tempo
Janvier 2024 aura marqué un tournant discret mais décisif : l’approbation des premiers ETF spot Bitcoin aux États-Unis. Un feu vert réglementaire qui a tout changé, ou presque.
En ouvrant la porte à une exposition simplifiée au bitcoin (sans portefeuille crypto ni gestion technique), ces ETF ont séduit les poids lourds de la finance traditionnelle : BlackRock, Fidelity, Ark…
Ce qui se passe derrière, en coulisses, est plus structurant qu’il n’y paraît. Il s’agit d’une accumulation méthodique, massive, silencieuse. Comme si, soudain, le bitcoin cessait d’être un pari d’initiés pour devenir une brique (presque banale) d’une allocation patrimoniale moderne.
Même Larry Fink, longtemps sceptique, a retourné sa veste. Mais cette respectabilité nouvelle ne gomme pas tout : la volatilité, elle, reste intacte. Les soubresauts macroéconomiques, les effets saisonniers (mois d’août faiblard, par exemple), ou les rotations sectorielles pèsent toujours. En clair : l’arrivée des ETF a renforcé le socle, pas annulé les secousses.
La macroéconomie tient toujours la barre
Malgré un récit bien rodé autour du Bitcoin “valeur refuge”, la réalité est moins tranchée. Pour l’instant, BTC se comporte davantage comme un actif à bêta élevé : il amplifie les mouvements du marché, au lieu de s’en affranchir.
Lorsque la Fed monte ses taux, les investisseurs se replient vers les bons du Trésor, et le bitcoin recule. À l’inverse, une simple rumeur de pivot monétaire suffit parfois à relancer la machine.
Cette sensibilité extrême fait de lui un baromètre (imparfait) de l’appétit pour le risque. Et en 2025, avec la perspective d’un cycle de baisse des taux, certains y voient les prémices d’une nouvelle vague haussière.
Mais attention à ne pas tirer de plans trop linéaires. Un choc bancaire, une inflation persistante, ou une tension géopolitique peuvent tout remettre en question. Le bitcoin reste suspendu, non pas dans le vide, mais dans une zone d’incertitude où espoir spéculatif et nervosité macro se répondent.
Prévisions : entre prudence et envolées
Les projections, comme souvent dans la crypto, donnent le vertige. Le modèle stock-to-flow de PlanB, largement relayé dans les sphères Bitcoin maximalistes, évoque un prix cible à plus d’un million de dollars. Pour être précis : 1,18 million. Une estimation à la limite de l’absurde ? Peut-être. Mais qui s’appuie sur la rareté programmée de l’actif, et l’effet cumulé des halving passés.
Gold market cap is ~$20T
Bitcoin market cap is ~$2T
So, gold is worth 10x bitcoinGold scarcity (stock-to-flow ratio) is ~60
Bitcoin scarcity is ~120
So, bitcoin is 2x scarcer than goldIMO bitcoin is at least 10x undervalued pic.twitter.com/j6dc9uTRhJ
— PlanB (@100trillionUSD) July 21, 2025
Chez Bitwise, Matt Hougan reste plus mesuré. Pour lui, 200 000 dollars d’ici fin 2025 serait un scénario crédible, tiré par la montée en puissance des acheteurs institutionnels.
À l’heure actuelle, le bitcoin se situe autour de 118 200 $, avec une fourchette intraday qui oscille entre environ 117 900 $ et 119 700 $. Plusieurs articles récents confirment ce support solide au-dessus de 118 000 $, en dépit de légères corrections à 116 000 $ lors de pressions de liquidations. La tendance reste globalement haussière, bitcoin flirtant avec les 120 000 $, porté par l’euphorie institutionnelle et des flux ETF solides.
Dernière ligne droite ou simple pause ?
Alors, est-ce vraiment la “dernière chance” d’acheter du bitcoin avant qu’il ne reparte pour de bon ? On aimerait répondre, mais la réponse reste floue.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que l’écosystème a changé de visage. L’entrée des grandes institutions, l’intégration aux portefeuilles traditionnels, les signaux venus des régulateurs : tout cela installe bitcoin dans une nouvelle phase. Moins souterraine. Plus mainstream.
Mais cette normalisation s’accompagne d’un revers : l’interconnexion accrue avec la finance classique rend Bitcoin vulnérable à des dynamiques qu’il contrôlait peu jusqu’ici. Taux d’intérêt, rotations sectorielles, réglementation internationale. Le BTC devient, lui aussi, un produit macro-sensible.
Nous ne sommes peut-être pas encore au bord d’une ruée finale. Mais quelque chose change. Une mue s’opère, discrète mais profonde. Et dans cette transition, chaque creux pourrait bien ressembler de près ou de loin, à une dernière opportunité.