Le bitcoin a glissé sous les 115 000 $ en début de séance asiatique, touchant un creux à 114 250 $. Ce repli intervient dans la foulée d’un décret signé par Donald Trump, qui réintroduit une série de tarifs douaniers jugés punitifs. Malgré une politique jugée plutôt favorable aux cryptos par son administration, la décision semble avoir ravivé l’aversion au risque chez les investisseurs.
Ventes rapides après l’annonce du décret
Dès l’annonce du texte, le bitcoin a perdu 2,6 %, annulant une partie des gains enregistrés depuis la mi-juillet. Le repli ramène la monnaie numérique à plus de 6 % sous son sommet historique de 122 800 $ atteint le 14 juillet.
Les marchés n’ont pas attendu l’application concrète du décret pour réagir. Dans les douze heures précédant sa signature, environ 110 milliards de dollars se sont déjà évaporés des marchés spot crypto, selon Binance.
Les positions à effet de levier ont particulièrement souffert : près de 158 000 traders auraient été liquidés en 24 heures, pour un montant total de 630 millions de dollars. L’écrasante majorité de ces liquidations concernait des positions longues.
Bitcoin : réaction technique et lecture des analystes
Pour Henrik Andersson (Apollo Capital), la baisse était « prévisible » dans un marché qui venait d’enchaîner plusieurs semaines de hausse. L’ordre tarifaire a agi comme un catalyseur, dans un contexte déjà marqué par de fortes tensions macroéconomiques.
Nick Ruck (LVRG Research) adopte un ton plus modéré : il y voit avant tout une correction technique. « Il y av ait déjà des prises de bénéfices dans l’air. Le décret n’a fait qu’accélérer le mouvement », estime-t-il.
D’un point de vue graphique, le seuil des 111 000 $ est désormais scruté. En cas de cassure nette sous ce niveau, certains craignent une intensification de la pression vendeuse à court terme.
Une administration pro-bitcoin mais pas sans contradictions
Le paradoxe n’a pas échappé aux observateurs. L’administration Trump a multiplié les signaux favorables aux actifs numériques ces derniers mois. Un rapport de la Maison-Blanche sur la régulation des cryptos, jugé « constructif » par plusieurs acteurs du secteur, a été publié début juillet.
S’y ajoute un décret signé en mars 2025, prévoyant la constitution d’une réserve stratégique de bitcoins détenue par le Trésor américain, une première mondiale, censée asseoir la légitimité de l’actif à l’échelle étatique.
Mais cette orientation favorable n’a pas suffi à contrebalancer les craintes commerciales. En ciblant les importations asiatiques, le décret pourrait relancer des tensions sur la chaîne d’approvisionnement mondiale : un facteur que les marchés lisent comme défavorable aux actifs risqués, bitcoin compris.
Retour de la volatilité après les sommets de juillet
En juillet, le bitcoin avait profité d’un alignement rare de facteurs haussiers : afflux dans les ETF crypto, débats au Congrès dominés par la « Crypto Week », adoption du Genius Act et du Clarity Act… Un contexte porteur, à la fois sur le plan réglementaire et institutionnel.
Mais depuis la mi-juillet, l’élan semble s’être essoufflé. Le cours a navigué entre 115 000 $ et 120 000 $, sans véritable tendance. L’épisode tarifaire vient interrompre cette phase d’attente.
À court terme : prudence et incertitudes
Le bitcoin reste sensible aux chocs externes, qu’ils soient géopolitiques ou économiques. Trois éléments principaux ressortent de cette séquence :
- Les cryptos continuent de réagir fortement aux annonces de politique commerciale.
- L’effet de levier élevé rend le marché vulnérable aux corrections rapides.
- Le Seuil technique de 111 000 $ pourrait faire office de dernier rempart avant une rechute plus marquée.
Pour autant, peu d’analystes voient dans ce repli un retournement structurel. Les bases réglementaires et l’appétit institutionnel restent solides, même si le contexte immédiat invite à la prudence.