Michael Saylor ne veut pas tout posséder. Juste une part « raisonnable ». Le fondateur de Strategy (ex-MicroStrategy) a récemment précisé jusqu’où il comptait aller dans l’accumulation de Bitcoin : Entre 3 % et 7 % de l’offre mondiale. Un plafond qui, selon lui, reste soutenable dans un marché en pleine redéfinition.
Une cible assumée : 3 à 7 % de l’offre totale du bitcoin
Actuellement, Strategy détient environ 628 791 BTC, soit près de 3 % de l’offre en circulation. Une position déjà dominante, mais que Saylor ne juge pas excessive. Il l’assume d’ailleurs comme telle : ce seuil, jusqu’à 7 % , serait, selon lui, « non monopolistique ».
Dans ses déclarations relayées par Decrypt, il dit vouloir laisser de la place à d’autres. Pas question, donc, de tout rafler. Mais si le marché suit, l’entreprise pourrait pousser un cran plus loin. Jusqu’à 5 ou 7 %, donc « mais pas plus ».
La dynamique dépasse d’ailleurs Strategy. Le « Bitcoin treasury movement », comme l’appelle Saylor, a pris de l’ampleur : le nombre d’entreprises cotées ayant intégré le BTC dans leur trésorerie est passé de 60 à 160 en moins d’un an. Ensemble, elles détiennent désormais plus de 955 000 BTC, soit environ 4,5 % de l’offre totale.
Strategy reste cependant en tête, loin devant des noms comme Marathon (MARA), Riot ou Trump Media. Pour ces sociétés, bitcoin n’est plus seulement un actif spéculatif, il devient une réserve de valeur à part entière, un équivalent numérique à l’or ou à l’immobilier. Une tendance que Saylor cherche manifestement à ancrer.
Pourquoi 7 % ? Une ligne stratégique et politique
Pourquoi ce plafond, et pas 10 ou 20 % ? Saylor avance deux arguments. D’un côté, il cherche à éviter toute accusation de captation excessive. De l’autre, il défend une vision ouverte de l’écosystème : pas de monopole, mais un partage de l’actif entre institutions, particuliers et entreprises.
Plus largement, il estime que bitcoin est en train de « démonétiser » d’autres formes de stockage de valeur, immobilier international, private equity, voire actions traditionnelles.
Pour lui, placer ses réserves dans l’or ou dans l’immobilier n’a plus vraiment de sens. Le bitcoin serait, à ses yeux, l’option la plus efficiente pour générer de la valeur actionnariale.
Quant aux contraintes réglementaires, Saylor les connaît bien. Il rappelle que des géants comme Apple ou Microsoft n’ont pas la liberté d’acquérir des actions d’autres sociétés, à cause des restrictions imposées par la SEC. D’où l’intérêt, selon lui, de développer des produits financiers spécifiques autour du BTC comme « Stretch » ou « Strike », permettant une exposition contrôlée et rentable.
Strategy : d’éditeur logiciel à fonds Bitcoin coté
La mue est désormais assumée. Strategy n’est plus une entreprise de logiciels, ou plus tout à fait. Fin 2024, elle détenait 423 650 BTC. En 2025, ce chiffre est monté à près de 629 000, financé via de la dette et des levées de capital. Son bilan est aujourd’hui constitué à plus de 92 % de Bitcoin.
La société a aussi lancé des produits financiers taillés pour les investisseurs institutionnels. L’exemple le plus emblématique : « Stretch » (STRC), une IPO qui a levé 2,52 milliards de dollars via des actions préférentielles à 9 % de rendement. L’idée : offrir une exposition au Bitcoin avec dividende, protection ou levier selon le profil de l’investisseur.
Depuis 2022, Saylor a quitté son poste de CEO pour se consacrer pleinement à cette stratégie. Il reste l’architecte de ce virage radical : faire de Strategy une plateforme de capital numérique centrée sur le BTC.
Un cap affiché, mais non hégémonique
En fixant une limite claire entre 3 et 7 % Saylor cherche à la fois à rassurer et à encadrer son ambition. Il n’est plus question de simple pari spéculatif, mais d’un positionnement stratégique de long terme, dans un marché de plus en plus institutionnalisé.
Reste à voir si d’autres suivront cette voie avec la même intensité ou si cette concentration croissante du bitcoin entre quelques mains ne finira pas par poser de nouvelles questions.