SharpLink perd 20 % : Le pari crypto sur l’ETH inquiète les marchés

Avertissement : l'information présente dans ce guide ne constitue pas un conseil en investissement. Faites toujours vos propres recherches avant d'investir, et ne mettez pas en jeu une somme d'argent que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre.
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Ethereum Chute 20 pourcent

L’Ethereum continue de séduire les investisseurs institutionnels. Mais à force de vouloir accélérer, certains commencent à déraper. Dernier exemple en date : SharpLink Gaming, société cotée au Nasdaq, dont le virage brutal vers une trésorerie massivement investie en crypto ETH a provoqué une chute de plus de 20 % de son action en une journée. Une dégringolade qui interroge : jusqu’où une stratégie crypto peut-elle rester crédible sans semer le doute ?

Une stratégie radicale, des marchés refroidis

SharpLink n’est plus exactement l’entreprise qu’elle était. Connue pour ses activités de marketing affilié dans le secteur des jeux en ligne, la société américaine a décidé de se réinventer en devenant, ni plus ni moins, l’un des plus gros détenteurs corporatifs d’Ethereum au monde. Un repositionnement aussi ambitieux que risqué.

Vendredi dernier, l’annonce d’un relèvement massif de sa levée de fonds de 1 à 6 milliards de dollars a pris les marchés à contrepied. Objectif affiché : convertir l’essentiel de cette somme en ETH.

Quelques jours plus tôt, SharpLink avait déjà acquis plus de 270 millions de dollars en crypto ETH. Trop, trop vite ? La sanction a été immédiate : l’action SBET a plongé de plus de 20 % dans la journée.

Ethereum-S²harpLink

Une accumulation crypto rapide, façon MicroStrategy

Le parallèle avec MicroStrategy saute aux yeux. Mais là où Michael Saylor a bâti une stratégie patiente et soutenue par des actionnaires aguerris, SharpLink donne plutôt l’image d’une fuite en avant.

Depuis mai, l’entreprise a levé plus de 425 millions de dollars, aussitôt réinjectés dans l’achat d’ETH : 48 millions lundi, 225 millions mardi, 115 millions jeudi.

D’après Arkham Intelligence, la société détiendrait désormais pour 1,3 milliard de dollars d’Ethereum. Un niveau qui la place devant d’autres convertis récents, comme BitMine Immersion ou Bit Digital.

Sauf que SharpLink ne dispose pas encore d’une base institutionnelle solide. Et c’est peut-être là le nœud du problème. En exposant autant sa trésorerie à un actif aussi volatil, sans filet de sécurité ni amortisseur crédible, la société s’expose à des réactions de marché brutales. La dernière en date n’est sans doute pas la dernière.

Une tendance de fond, mais des signaux d’alerte

SharpLink n’est pas seule dans cette course à l’Ethereum. Bit Digital, acteur du minage crypto, a récemment acquis près de 20 000 ETH, pour environ 70 millions de dollars.

BitMine Immersion, soutenue par Peter Thiel, a ajouté 500 millions d’ETH à son portefeuille. Des mouvements qui participent à la hausse récente du cours d’Ethereum (+40 % en deux semaines), dopée aussi par des flux records dans les ETF liés à l’ETH (726 millions de dollars en une seule journée).

Mais l’euphorie ambiante masque mal certaines tensions. L’effondrement de SBET en est le symptôme : au moindre excès perçu, les marchés réagissent sèchement. Ce paradoxe grandit : plus Ethereum inspire confiance, plus les actions des entreprises qui s’y exposent lourdement deviennent… suspectes.

Une audace mal calibrée ?

La stratégie de SharpLink s’inscrit dans une tendance émergente : des entreprises qui misent sur les actifs numériques comme levier de croissance, voire comme pilier central de leur modèle économique. Une vision audacieuse, mais exigeante. Elle suppose de convaincre les marchés que cette exposition est maîtrisée, cohérente et soutenable. Ce n’est pas encore le cas ici.

En levant six fois plus de fonds que prévu pour tout convertir en ETH, la société a sans doute franchi un seuil psychologique. Le signal envoyé n’est pas celui d’une diversification prudente, mais d’un all-in crypto. Et cela reste difficile à faire passer auprès d’investisseurs encore frileux.

Difficile de savoir si SharpLink parviendra à imposer son nouveau profil. En moins de deux mois, l’entreprise a complètement changé de cap, levé des centaines de millions, et veut désormais peser sur l’écosystème Ethereum. Mais les marchés boursiers, eux, ont leur propre tempo. Trop de précipitation, et la confiance se dérobe.

En bref, le cas SharpLink illustre à la fois l’attractivité croissante de l’Ethereum… et les limites d’un virage trop abrupt. À vouloir incarner à tout prix la “MicroStrategy de l’ETH”, la société prend le risque de devenir sa première victime collatérale.

Par lucie

Plongée dans l’univers du numérique depuis plus de dix ans, Lucie Moinet s’est rapidement passionnée pour les crypto-monnaies et les révolutions financières décentralisées. Attentive aux évolutions du Web3, elle aime décrypter les tendances et rendre accessibles des sujets souvent techniques. Souhaitant aider chacun à mieux comprendre les enjeux de la blockchain et à saisir les opportunités de cette nouvelle ère elle a décidé d'utiliser sa plume ou plutôt son clavier dans ce but.