Le 17 juillet 2025, la Chambre des représentants a adopté à une large majorité le GENIUS Act, première loi fédérale encadrant les stablecoins. Il ne manque plus qu’une signature : celle de Donald Trump. Ce vote change la donne pour la régulation crypto aux États-Unis.
Un cadre fédéral attendu
Le GENIUS Act met fin à des années d’incertitude. Jusqu’ici, les émetteurs de stablecoins devaient composer avec un patchwork de règles étatiques. Désormais, ils devront respecter un socle commun : réserves à 100 %, audits mensuels, lutte contre le blanchiment. Le texte, voté à 308 voix contre 122, bénéficie d’un rare consensus entre Républicains et Démocrates.
Le but est clair : intégrer les stablecoins dans le système financier officiel sans les dénaturer. Le texte impose des exigences fortes mais lisibles, rompant avec les dérives de l’époque Terra/Luna.
Pour le secteur, il s’agit d’une clarification juridique et une reconnaissance officielle. Le GENIUS Act inscrit les stablecoins dans la loi. En plus, il leur ouvre un accès encadré au marché américain.
Une structure rigoureuse mais adaptable
Le dispositif repose sur un équilibre entre supervision fédérale et autonomie locale. Chaque dollar numérique devra être couvert par un actif réel, garantissant la solvabilité. En cas de faillite, les utilisateurs deviennent prioritaires sur les réserves : un mécanisme rare dans le droit financier.
Les exigences KYC/AML sont renforcées, via l’application de la Bank Secrecy Act. Le texte cherche à concilier innovation et sécurité.
Loin d’un simple encadrement technique, le GENIUS Act ambitionne de poser les bases d’une finance numérique fiable, sans exclure les acteurs plus modestes.
Un soutien décisif de Trump
Donald Trump a activement soutenu le projet. Opposé aux monnaies numériques de banque centrale (CBDC), il défend une vision pro-crypto axée sur l’autonomie des marchés.
Sa position s’inscrit dans une stratégie plus large : se positionner comme le défenseur du Web3 américain face à la concurrence internationale. Son memecoin, le $TRUMP, a contribué à ancrer cette image dans l’opinion.
Des voix critiques persistent. Marjorie Taylor Greene, par exemple, y voit une étape vers une société sans argent liquide et sous surveillance numérique. Ces tensions illustrent la sensibilité politique du sujet, y compris au sein du Parti républicain.
La loi entrera en vigueur progressivement. Les régulateurs ont 12 mois pour fixer les règles précises, puis 18 mois pour les appliquer. L’adoption complète est prévue pour 2028.
Cette période de transition laissera aux entreprises le temps d’adapter leurs systèmes et leurs pratiques. Le coût de conformité pourrait peser sur les plus petits acteurs, mais l’accès sécurisé au marché américain en vaut le prix.
D’autres textes comme le Clarity Act sont en préparation. S’ils sont validés avant l’automne, les États-Unis pourraient disposer d’un cadre réglementaire complet et prendre l’avantage sur l’Europe et l’Asie.
Mais les promesses doivent encore être concrétisées. La mise en œuvre sera longue, les équilibres fragiles. Entre innovation, surveillance et souveraineté, les choix faits aujourd’hui auront un impact durable.
Trump a le dernier mot. Le reste dépendra de l’écosystème et de sa capacité à se conformer, sans perdre son identité.