La ville de Detroit poursuit en justice une entreprise spécialisée dans la tokénisation des propriétés immobilières. La société est mise en cause pour défaut d’entretien de plus de 400 maisons.
Une situation qui soulève certaines défaillances de la tokénisation et qui met l’accent sur la question de la garde des actifs sous-jacents.
En quoi consiste la tokénisation ?
La tokénisation des actifs du monde réel présente de nombreux avantages. D’une part, elle améliore l’attractivité d’actifs qui sont peu liquides. D’autre part, elle réduit le seuil minimum d’investissement en proposant la propriété fractionnée.
À bien des égards, les actifs RWA (Real World Assets) peuvent révolutionner la manière dont les gens investissent. Une des applications les plus efficaces de la tokénisation sont les actions tokénisées. Notamment les xStocks proposés sur Gemini et Kraken et les actifs miroir de Republic.
Cependant, tokéniser un actif issu du monde réel revient à le considérer comme un portefeuille d’investissement. Une situation qui a conduit à un véritable fiasco dans la ville de Detroit.
La ville de Detroit contre Real Token
Le 2 juillet 2025, la ville de Detroit annonçait avoir intenté une action en justice contre Real Token. L’entreprise spécialisée dans la tokénisation des actifs immobiliers aurait acquis plus de 400 maisons à Detroit.
L’entreprise promettait un retour sur investissement de l’ordre de 16 % à ses investisseurs. Et surtout, elle proposait un système de propriété fractionnée pour chacune des propriétés achetées.
Dans les faits, Real Token n’a pas procédé à l’entretien des maisons. Les locataires étaient forcés de vivre dans des conditions déplorables. Et l’entreprise aurait refusé d’autoriser les paiements pour les réparations les plus basiques.
BREAKING: The City of Detroit has filed a landmark lawsuit against Real Token and 165 shell companies for widespread public nuisance violations tied to 400+ blighted properties.
These are homes, not just investments.
— City of Detroit (@CityofDetroit) July 2, 2025
Real Token déclare qu’elle est victime de sous-traitants sans scrupules payés pour réaliser les travaux d’entretien, mais qui ne l’ont jamais fait. L’entreprise de tokénisation immobilière a déclaré avoir repris en main la maintenance des propriétés depuis décembre 2024.
Les risques de la tokénisation des actifs du monde réel
L’exemple de Real Token et de Detroit met en lumière une des grosses défaillances des actifs issus du monde réel.
En théorie, l’immobilier est un secteur où de tels actifs devraient être largement adoptés. C’est un secteur où la demande est forte et où le fractionnement permet d’ouvrir l’accès à beaucoup plus d’investisseurs.
En pratique, le problème de la garde des actifs pose problème. Il en va de même de l’évaluation initiale de la valeur du bien. De plus, il faut démontrer et garantir la viabilité de l’actif. Sans oublier que ces actifs doivent être conservés et entretenus pour préserver leur valeur.
2/ RealT allowed users to invest in fractions of real estate via tokenization.
But with no live property data, no digital tracking, and no on-chain proof of upkeep, the system failed the people who mattered most: the tenants and communities.
Tokenizing real estate isn’t just…
— MAGMA – Real Estate Agility (@magmarealestate) July 4, 2025
La tokénisation des actifs peu liquides est un couteau à double tranchant. Elle peut rendre un actif plus liquide. Mais en cas de dévaluation du bien, il est virtuellement impossible de vendre l’actif sous-jacent dans l’immédiat.
En conclusion, la tokénisation reste et demeure une innovation majeure de la blockchain. Mais la tokénisation ne peut pas s’appliquer sans particularisme à toutes les catégories d’actifs du monde réel. Par exemple, pour la tokénisation de l’immobilier, les contrats intelligents doivent contenir les données d’entretien en temps réel.
Sources : chain.link, decrypt.co