Il y a des chiffres qui parlent plus fort que les grandes théories. Celui-là, par exemple : moins de 15 % des bitcoins en circulation sont encore disponibles sur les exchanges.
Dit autrement : les plateformes centralisées, là où tout le monde achète et vend, ne disposent que d’une petite portion de l’offre totale. Le reste ? Eh bien, il dort.
Ou plutôt, il est gardé bien au chaud dans des portefeuilles hors-ligne, difficilement mobilisables. Une sorte d’or numérique entreposé, souvent loin du tumulte des marchés.
Mais ce n’est pas juste une anecdote statistique. Ce chiffre traduit une dynamique de fond. Une lame de fond, même. Un glissement lent, mais certain, qui modifie la structure du marché. Et peut-être son équilibre tout entier.
Une offre de plus en plus sèche
Ce qu’on observe depuis plusieurs mois – voire années – c’est un phénomène assez simple : les détenteurs de bitcoin ne veulent plus vendre. Ou pas tout de suite.
Ils retirent leurs fonds des exchanges et les placent en cold storage. Ou dans des coffres-forts physiques et parfois même juste sur des clés USB planquées au fond d’un tiroir.
Résultat : la part de l’offre « liquide« , c’est-à-dire disponible immédiatement à l’achat, s’effondre.
Et ce sont pas seulement des petits porteurs. Les particuliers, certes, y participent. Mais ce sont surtout les institutionnels qui font pencher la balance.
Fonds, entreprises, émetteurs d’ETF… tous accumulent, tous stockent. Et une fois dans leur bilan, ces bitcoins-là ne bougent plus. Pas tout de suite, en tout cas.
À cela s’ajoute une tendance chez certains mineurs : garder une partie du bitcoin fraîchement généré, au lieu de le vendre immédiatement pour couvrir les frais. En bref : on garde, on garde, on garde. Et le marché se tend.
Bitcoin is money. Everything else is credit. pic.twitter.com/1Dxk9Egnhi
— Michael Saylor (@saylor) July 2, 2025
Une demande qui, elle, ne faiblit pas
Le paradoxe, c’est que pendant que l’offre se raréfie, la demande, elle, ne cesse de croître. Depuis l’arrivée des ETF spot début 2024, la machine est lancée.
Les grands fonds veulent leur part. Des gestionnaires d’actifs, des assureurs, parfois même des banques centrales (même si elles ne le crient pas trop fort). Bref : tout le monde veut du bitcoin.
Mais voilà : quand il n’y a plus assez à vendre, ou qu’il faut aller le chercher plus loin, les prix montent. C’est mécanique. Un choc d’offre, latent, qui pourrait très bien se déclencher au prochain afflux d’intérêt.
On ne sait pas quand. Mais c’est là. En embuscade.
Et pour être honnête, le marché ne semble pas prêt à absorber une nouvelle vague de demande massive. Disons-le franchement : ça sent la pénurie organisée.
Vers un nouveau régime de marché ?
Si l’on suit cette logique, raréfaction de l’offre, stockage stratégique, demande institutionnelle croissante, on peut raisonnablement penser que le marché du bitcoin entre dans une nouvelle phase.
Moins spéculative, plus tendue. Plus stratégique aussi.
Et quand l’offre devient rigide, que les acheteurs veulent juste « exister dans le marché » sans avoir à négocier, alors les prix peuvent s’envoler très vite. Pas à cause de l’hype, mais à cause d’une vraie tension structurelle.
Donc non, ça ne va pas exploser demain. Mais les pièces sont sur l’échiquier. Et certains les déplacent avec une patience toute calculée.