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La Corée du Sud freine son ambitieux projet de monnaie numérique (CBDC). Cette révolution qu’est le won numérique, patine avant sa deuxième phase de tests, et demeure suspendue le 30 juin 2025. D’ailleurs, les banques grognent face aux coûts et l’essor des stablecoins inquiète. Pourquoi ce ralentissement ? Plongeons dans les raisons d’un projet en pause dans un pays crypto-fanatique.
Un projet CBDC ambitieux mis en attente
La Corée du Sud, pionnière en crypto avec 16,29 millions d’investisseurs, semblait prête à lancer son won numérique. En 2023, la Banque de Corée (BOK) annonçait un pilote pour 100 000 citoyens à Jeju, Busan ou Incheon, prévu pour fin 2024. Ce projet, géré avec la Commission des services financiers (FSC), visait à tester des paiements via tokens émis par les banques commerciales. En effet, la BOK voyait la CBDC comme une réponse aux failles des systèmes de subventions, comme les bons COVID-19, avec des frais élevés et des risques de fraude.
Mais le 30 juin 2025, coup de théâtre : la BOK suspend les discussions pour la deuxième phase. Les banques participantes, dont l’identité reste floue, se plaignent des coûts exorbitants et d’un retour sur investissement incertain. Par ailleurs, des experts soulignent un débat croissant autour des stablecoins adossés au won, qui gagnent du terrain avec 57 000 milliards de wons (41,5 milliards de dollars) échangés au T1 2025.
Les raisons du ralentissement
Plusieurs facteurs expliquent ce frein. D’abord, les coûts. Les banques, déjà engagées dans des consortiums pour lancer des stablecoins locaux, rechignent à financer un projet CBDC sans bénéfices clairs. En effet, l’infrastructure de paiement sud-coréenne, ultra-avancée, limite l’attrait d’un won numérique, selon Hong Jin-hyun de Samsung Securities. Les stablecoins comme l’USDT ou l’USDC, qui sont échangés massivement sur Upbit, offrent en fait une alternative plus souple.
Par la suite, la compétition des stablecoins. Suite à l’élection de Lee Jae-myung, connu pour son soutien à la crypto-monnaie, en juin 2025, l’élaboration d’un cadre juridique pour un stablecoin en won, administré par les banques, est actuellement en cours. Ryoo Sang-dai, le vice-gouverneur de la BOK, plaide pour une réglementation rigoureuse afin d’éviter un « effet Terra Luna ». Ce débat étant jugé crucial, il détourne l’attention de la CBDC, considérée comme ayant une moindre priorité. De plus, la crise politique de décembre 2024, caractérisée par la tentative de coup d’État de Yoon Suk-yeol, a paralysé la consommation et les investissements, mettant en péril l’économie.
Enfin, la conjoncture pèse. La croissance sud-coréenne, à 2 % en 2024, ralentit à 1,6-1,7 % en 2025, selon la BOK. La baisse des taux directeurs à 3 % en novembre 2024 n’a pas suffi à relancer la demande intérieure, atone face aux incertitudes géopolitiques et tarifaires américaines. Dans ce climat, la CBDC semble un luxe coûteux.
Perspectives : un retour en force ou un abandon ?
Le won numérique n’est pas mort, mais son avenir est flou. La BOK explore une CBDC de gros pour la tokenisation d’actifs, selon Rhee Chang-yong, mais le projet retail est en stand-by.
Cependant, le Kazakhstan, avec sa réserve crypto d’État, inspire Séoul. Une relance en 2026, avec un cadre plus clair et des coûts maîtrisés, reste possible. Par ailleurs, l’adoption massive de cryptos (8 % des Sud-Coréens en 2025) pousse à innover. Mais pour l’instant, la BOK temporise, laissant les stablecoins voler la vedette.
Conclusion
Le projet CBDC de la Corée du Sud, prometteur sur le papier, cale face à des banques réticentes, des stablecoins conquérants et une économie en berne. À l’heure où le won domine les échanges crypto et où Lee Jae-myung rêve d’ETF, la BOK doit repenser sa stratégie.
