Le 13 juin dernier, l’entreprise de services financiers GotBit a été condamnée en justice. Une cour fédérale aux États-Unis a reconnu l’entreprise et son fondateur Aleksei Andriunin, coupables de manipulation de marché et fraude électronique.
GotBit Consulting LLC avait une réputation de “faiseur de marché” dans la scène crypto. Désormais, l’entreprise est condamnée à une cessation complète d’activité pendant 5 ans et à la confiscation de 23 millions en actifs cryptos. Son fondateur, quant à lui, est condamné à huit mois de prison ferme.
Les “faiseurs de marché” de l’industrie crypto
Pendant longtemps, le manque de réglementation du marché crypto a profité aux acteurs malveillants. En effet, le marché crypto s’est rapidement structuré de façon similaire aux marchés financiers traditionnels. Mais sans disposer des mêmes outils réglementaires.
C’était donc un véritable El Dorado pour les acteurs malicieux désireux d’exploiter le marché. Invariablement, de nombreuses entreprises ont tiré profit de cette situation pour proposer des services de manipulation de marché.
Par exemple, GotBit proposait un service de “wash trade”. Autrement dit, des opérations fictives censées gonfler le volume de transactions d’une cryptomonnaie de manière artificielle. Les clients de GotBit étaient essentiellement des entreprises cryptos désireuses d’accroître l’attractivité de leurs cryptos.
Selon les éléments de la plainte, les transactions fictives ont permis à diverses cryptomonnaies d’être listés sur CoinMarketCap et d’autres sources de référence. Grâce à leur volume de transaction artificiel, ces cryptomonnaies parvenaient à attirer plus d’investisseurs dans le but de les escroquer.
Parmi les clients de GotBit, le communiqué du Ministère de la Justice américain cite Robo Inu et Saitama. Deux cryptomonnaies dont les opérateurs ont déjà été inculpés depuis octobre 2024 dans des affaires similaires.
Rappelons par ailleurs que GotBit n’est pas la seule entreprise à s’être rendue coupable de tels agissements. CLS Global FZC LLC et MyTrade ont plaidé coupable dans des affaires du même type en avril 2025.
Huit mois de prison ferme, confiscation d’actifs et cessation d’activité
Initialement arrêté au Portugal le 8 octobre 2025, Aleksei Andriunin a été extradé en février 2025. La condamnation à son encontre a été prononcée le 13 juin 2025. Il était mis en cause au même titre que deux autres directeurs de GotBit : Fedor Kedrov et Qawi Jalili.
Personnellement, le fondateur de GotBit a été condamné à huit mois de prison ferme. Après sa relaxe, il sera encore sous probation pendant un an.
En ce qui concerne l’entité juridique GotBit, elle est soumise à une période probatoire de cinq ans. Au cours de cette période, elle devra cesser toute activité ou cesser d’exister. De plus, les autorités ont confisqué 23 millions de dollars d’actifs numériques dans le cadre du règlement pénal.
Une déréglementation trop rapide et trop poussée ?
Comme tout marché, les cryptomonnaies ont besoin de réglementation. Il ne fait aucun doute que des outils doivent être mis en place pour protéger les investisseurs particuliers et institutionnels.
Cependant, le besoin de protection ne doit pas étouffer l’innovation et la croissance du marché. C’est donc un équilibre qui est souvent difficile à trouver.
Pour de nombreux observateurs, cet équilibre peine encore à être trouvé aux États-Unis. Alors que l’administration Biden était trop lente et relativement hostile à l’industrie crypto, la nouvelle administration va trop vite.
Trump is trying to deregulate crypto as his personal businesses get more involved in the industry.
Last week, he gutted the DOJ team that investigates crypto fraud.
This may be one of most overt conflicts of interest in presidential history. https://t.co/8Jtko8XKxr
— Robert Reich (@RBReich) April 14, 2025
Du lancement du meme coin TRUMP à un décret instituant une réserve stratégique en Bitcoin, les actions en faveur de la cryptomonnaie sont nombreuses. Pendant que les réglementations antérieures sont systématiquement levées, des analystes craignent que l’industrie n’en pâtisse.
Ces craintes touchent notamment à l’influence grandissante des groupes d’intérêt, aux risques de corruption et aux conflits d’intérêt. Autant de déboires qui retarderaient encore plus l’acceptation universelle des cryptomonnaies comme actif numérique sérieux.
Sources : justice.gov